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  • Chante ton bac d'abord - le film

     C’est un film sympathique…le réalisateur est compétent, le sujet est intéressant, David André a passé du temps pour essayer de faire des portraits d’adolescents en s’intéressant également à leur milieu…ses images sont souvent très bien cadrées, originales, c’est bien monté, et puis, face à une certaine désespérance, dans une ville où il y a peu d’espoirs, il a eu la bonne idée de faire chanter les élèves…

     Les acteurs, qui jouent leur propre rôle sont attachants, on a envie de les aimer, ils sont souvent courageux, ont pour certains même de très bons résultats scolaires, ils adorent en gros leurs parents et leur famille fait penser à ces petits oiseaux qui se serrent les uns contre les autres pour résister à la tempête…ils savent que leur avenir doit se faire ailleurs qu’à Boulogne, tant leurs parents galèrent et tentent de surmonter la crise comme ils peuvent avec un port qui se vide et des entreprises qui ferment…ils rêvent, le spectacle est pour à peu près tous, vu comme une porte de sortie bienveillante : marionnette, chant, musique, comédie et Gaëlle, le pivot du film, a déjà intégré la difficulté du parcours qui l'attendait et les faibles revenus qui vont souvent avec la vie d’intermittent….

     Ce qui me choque profondément, c’est l’absence d’horizon, première cause du renouvellement d’une certaine fatalité de la pauvreté…venant moi-même d’un milieu défavorisé, je connais le cercle vicieux, quelque part, j’ai suivi le même parcours et j’ai rêvé, moi aussi, de devenir un artiste ou de faire psycho (les deux garçons du film sont en psycho à Lille), car quand on voit ses parents à peu près détester tous les jours ce qu’ils font, leur patron, leurs mauvaises conditions de travail, on a envie de liberté, d’aller s’exprimer ailleurs par les arts, ou de comprendre pourquoi le monde est comme il est...c’est naturel…sauf que c’est aussi la voie royale pour la galère et les fins de mois difficiles…il a fallu que j’arrive au milieu de ma vie et que je côtoie tous les jours des projets internationaux, pour mesurer avec effroi, la schizophrénie de notre système français.

     Les enseignants, les politiques, les leaders, dans ce pays, ne sont pas formés à donner de l’ouverture, ne savent pas et ne comprennent pas qu’on est en train de passer d’un système éducatif qui a beaucoup reposé sur la mémoire, et en France, sur la surabondance d'emploi de citations, à un système qui doit apprendre prioritairement à favoriser la création dans tous les domaines….car des horizons, des caps, il n’en manque pas, de l’alimentation dont il va falloir revoir complètement les flux, les manières de produire, la qualité, la distribution, des transports qui devront respecter l’environnement, des architectures et de l’habitat qui devront être également plus écologique, de la santé qui devra être aussi revue en terme de relation soignant malade, même la psychologie est à réinventer…non, il n’y a pas que des boutiques de tatouage et d’ongleries à ouvrir et qu’à rejouer du Yolande Moreau…

     Tout est à faire, mais encore faut-il le savoir, encore faut-il créer le désir, dire aux petits boulonnais (et à tous les autres par extension) qu’ils pourront trouver leur place, et que le mur qui les enferme, n’est que celui qui est généré inconsciemment par tout ce qui les entoure et par des adultes, y compris les profs en quête de reconnaissance, qui croulent sous les problèmes sociaux, ou qui n’ont plus d’autres espoirs que de partager ensemble un concert de rock ou une moule frite copieusement arrosée le samedi soir…

     Pour sortir de cette spirale infernale, il faut apprendre autrement et ouvrir les portes du lycée à des intervenants, des chefs d’entreprise, des chercheurs, des architectes, que sais je, des gens qui viennent présenter dans un format hyper court, genre Ted aux Etats Unis pour les adultes, des mini conférences, sans prise de tête, sans démagogie,  avec de l’humour, en s’appuyant sur du visuel, des conférences qui donnent de l’air, de l’espace et redonnent de l’espoir…

     Dans les pays anglo saxons, on s’alimente, on observe partout dans le monde les expériences qui ont vu un indien quitter un destin tragique pour faire acte de résilience, on fait parler des gens qui sont sortis des ghettos, des banlieues sombres et violentes, et on capitalise pour inventer un nouveau monde….et ne croyez pas que l'on oublie les bases, au contraire, puisque chez les anglo saxons, on distingue souvent l'apport nécessaire pour tous, les arts libéraux (langues dont le grec et le latin, mathématiques et sciences, économie, histoire du monde, gestion, études sociales), aux cycles universitaires et professionnels, dont l'apprentissage plus valorisé que chez nous, qui ont pour but la spécialisation.

     Je vous renvoie pour en savoir plus aux liens suivants - cliquer sur le thème et non sur le nom de l'intervenant - : les conférences sur l’école du futur ne dépassent pas 20 Mn et sont sous titrées en français

     Et …Change ton cap d’abord…..à moins que, comme dans Mommy, quand c'est barré, c'est barré...mieux vaut ne pas naître à Boulogne sur mer....à suivre.

     

    Ken Robinson : How schools kill creativity

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     Sugata Mitra : Build a School in the Cloud

     Daphne Koller : What we're learning from online education

     Geoff Mulgan : A short intro to the Studio School

     Sugata Mitra : Kids can teach themselves

     Peter Norvig : The 100,000-student classroom

     Dave Eggers : My wish: Once Upon a School

     Liz Coleman :A call to reinvent liberal arts education

     Arthur Benjamin : Teach statistics before calculus!

     Kiran Sethi : Kids, take charge

     Patrick Awuah : How to educate leaders? Liberal arts

     Christopher Emdin : Teach teachers how to create magic