Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 13

  • Camille Claudel 1915 - le film de Bruno Dumont

     

    20444253_jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

    Pour moi, c’est peut être le meilleur film de Bruno Dumont, ce réalisateur pas toujours très facile d’accès.

    Camille Claudel évoque l’internement en asile psychiatrique de l’artiste, suite à sa rupture avec Rodin. La réussite du film est liée à l’extrême dépouillement de la narration et à la force du jeu de Juliette Binoche. Le montage est très fluide, sans complication et sans accélération du rythme en fin de propos,  comme dans les derniers films du réalisateur et c’est probablement ce qui donne tant de force à l’œuvre. Tourné dans un véritable asile, avec des malades et leurs soignants, on ressent vite la solitude extrême  et le profond désespoir dans lesquelles Camille a du vivre jusqu’à sa mort.  Fidèle à son thème favori, la religion, on retrouve les types de plan chers à Dumont : nuages, lumière filtrant des vitraux, église de campagne et monastère, grands plans de nature, où des humains pris d’une quasi folie mystique prient, à genoux au sol,  comme dans « l’Humanité », « Hallewijch », et surtout « Hors Satan ». De plus, le regard porté sur Paul Claudel, ce grand croyant, est intéressant ; on se demande d’ailleurs qui,  de la sœur ou du frère (qui veut lui faire expier un avortement, acte impensable pour un catholique de bonne famille à la fin du XIX siècle), est le plus fou.

    Rarement au cinéma, le spectateur peut suivre à ce point la pensée d’un individu et se sent en osmose avec les personnages…c’est particulièrement vrai dans une courte scène de théâtre, où les internés tentent de jouer un petit morceau de Don Juan pour leur thérapie et où, Juliette Binoche, passe au fil des répliques, du rire à l’extrême douleur.

    Avant que le film ne commence, le cinéma où j’étais, projetait la bande annonce de « La religieuse » qui sort également sur les écrans…les excès de musique classique employés pour sa promotion (Requiem de Mozart, Bach, Purcell, etc..), soulignent en moins de deux minutes toute la différence entre un film qui, à l’évidence, se veut pompeux et racoleur et le cinéma de Dumont, sans artifice, pur et profond …au spectateur de faire ses choix.