La première année de médecine est une année de sélection, où il faut bosser comme une mule pour mémoriser un maximum de choses, afin d’aborder les fameux QCM dans une gigantesque salle d’examen, dans un Hall de Villepinte, car la casse y sera terrible.
Bien sûr, on peut se poser beaucoup de questions, sur ce « tri » des cerveaux, qui semble surtout donner la priorité à la mémoire, surtout à l’ère du numérique, afin d’aborder un métier, où prédominent le contact et la psychologie (en tous cas, si on choisit le cabinet, ce qui est de moins en moins le cas)
Cela donne, on le sait, des médecins qui savent bien plus de choses que ceux qui ont été formés dans notre génération (où c’était déjà comme ça, mais en plus soft), mais qui ensuite se retrouvent démunis devant une grippe ou devant une femme voilée, et qui préfèrent de plus en plus, faire de la médecine en laboratoire ou à l’université, plutôt que se farcir la patientèle…
Mais le grand mérite du film, se situe aussi ailleurs, que la presse semble avoir souvent un peu oublié, surtout à gauche, (où on préfère pointer les conditions de travail), en abordant de manière assez subtile à travers les personnages principaux, la question de la classe d’origine, car l’un est fils de chirurgien, logeant dans une piaule louée par ses parents à côté de l’Ecole de Médecine, et l’autre débarque d’une banlieue quelconque (cela passe vite, mais il prend le train à Saint Lazare Direction Argenteuil), pour rejoindre des parents dont les meubles et l’habillement, trahissent un milieu modeste, parents qui au lieu de l’encourager à marner jour et nuit, s’inquiètent pour sa santé et lui conseillent de se reposer…..
Il n’a pas les codes, dit à un moment l’un des étudiants, pour en rajouter une couche….Même si la fin est romanesque à mon avis, cela devrait poser beaucoup de questions à un pays, qui se vante tant de l’égalité des chances, en faisant plutôt plus mal que les autres…C’est « Mort d’un commis voyageur » revu près de 70 ans plus tard….
Avant la projection, il y avait la bande annonce de « De chaque instant », sur les études d’infirmière, tourné en grande partie à Montreuil….Je n’ai pas vu le film, mais pour être Aide soignant ou Infirmière, on n‘a pas les mêmes exigences évidemment, et surtout on recrute dans un autre type de milieu social, où les enfants d’immigrés sont de plus en plus nombreux et la politique de l’établissement (j'ai mes informations) est clairement « socialiste ou Front de Gauche »…
Le choc des cultures est terrifiant…Voilà qui donne à réfléchir sur le pouvoir, le statut des héritiers, comme disait Bourdieu, la Transmission, la place du soignant dans la relation avec le malade….
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