Nous sommes en 1980…Reagan arrive au pouvoir et lance son programme de guerre des étoiles, (et surtout les lois sur le laisser faire de la finance qui vont pervertir l’occident, en l’entrainant vers un capitalisme destructeur), employant lui-même l’expression Armageddon Time…
Le jeune Paul Graff (James Gray ?) a douze ans…Il s’ennuie à l’école, et devient ami d’un jeune noir issu d’un milieu pauvre (Johnny Davis)…
Paul Graff est issu d’une famille juive aisée (comme Gray, dont les ancêtres étaient des juifs russes qui ont fuis l’Ukraine de leurs origines), mais où le père, (contrairement au père du vrai James Gray, enseignant en université et docteur en génie mécanique) complexé par ses origines modestes, est un arriviste assez violent, avec une épouse engagée un peu perdue (la vraie mère de Gray décédera alors que James a 19 ans peu après son père, un double traumatisme pour le réalisateur), avec le grand père, qui, par son parcours chaotique, est le vrai pilier et lien de la famille (magnifiquement interprété par Anthony Hopkins)…
La première heure du film est d’ailleurs assez pénible, car cette famille perturbée finit par agacer…
Placé dans une école privée par ses parents, pour essayer de l’éloigner des mauvaises fréquentations, une école très liée à la famille Trump (la sœur de Trump interprétée par Jessica Chastain fait un discours aux élèves très Républicain sur la réussite à l’américaine), Paul Graff quitte avec regrets, son ami Johnny noir, qui lui, se retrouve dans la rue…
Mais Paul va tenter de l’aider, mais malheureusement, cela se terminera mal, surtout pour le pauvre Johnny, car quand on est né d’un certain milieu, on s’en sort toujours plus mal que celui qui a le bon héritage…
C’est à la fin de ce film, jugé sombre, dur et glacial par certains critiques, que le père dit à son fils, perturbé par cette trahison sociale : la vie est injuste, mais certains ont plus de chance que d’autres, c’est comme ça, il faut sauver sa peau…
Paul, bouleversé, se souvient de son grand père, qui lui disait que la vie émotionnelle et affective, est bien plus importante dans une vie, que le travail et la réussite, et qu’il faut toujours être fidèle à ses convictions et être un « Mensch », ne pas se trahir soi même..
Ce film porte un message fort et puissant, que les français devraient mieux écouter : C’est à chacun de s’en sortir, il ne faut rien attendre des autres, et pour certains, ce sera toujours plus difficile que pour d’autres, c’est la vie…
Car la France est redoutable, c’est pour cela que plus je vieillis, plus je la déteste, car on essaie de te faire croire que la politique et la lutte collective pourront te sauver, que les inégalités sont moins fortes qu’ailleurs, avec un système éducatif public jadis très élitiste et aujourd’hui quasi effondré, ratatiné par des dirigeants démagogues et incompétents, qui n’ont rien compris à la révolution des nouvelles technologies
Il faut lire, lire beaucoup, pour grandir, et là encore, se méfier de ce que nous donne à manger le monde de l’édition français, qui est trop perverti par le marketing et la finance, alors que le numérique peut devenir un piège pour les plus faibles, attirés par la consommation facile et entrainés à être de moins en moins concentrés, en zappant d’un site à l’autre…
En conclusion, un bon film, au scénario bien plus fort, que la réalisation, assez moyenne de mon point de vue, qui contrairement à ce que l’ont rapportés certains médias, n’a rien de nostalgique, comme l’a déclaré Gray lui-même à la presse américaine, un réalisateur assez éloigné de la guimauve débitée par Woody Allen…