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Film - Page 110

  • Quai d'Orsay - Le film

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    Serions dirigés par une bande de fous furieux ?…je ne sais pas si c’est cela que voulait faire passer Tavernier en adaptant la BD « Quai d’Orsay ».
    Un jeune diplômé Arthur débarque au Quai sous l’ère Villepin et se retrouve chargé des « langages », cad de préparer les discours d’un Ministre, apparaissant comme un double largement aussi agité que Sarkozy, obsédé des mots et du beau texte, fougueux et rageur à l’excès…on frise souvent la comédie de boulevard, avec portes qui claquent faisant trembler établissement et secrétaires avec dossiers qui volent de tous côtés.
    Pas facile pour le jeune énarque de préparer un texte, que le Ministre veut percutant, clair, original, pragmatique, innovant, profond…sans avoir jamais plus de deux minutes à accorder à un Arthur qui tente de se rabattre sur des conseillers tout aussi débordés, pervers, cyniques, égocentriques, stratégiques…ministre qui veut de la citation et passe parfois au dessus de toute cette bande d’incapable, selon lui, pour confier le bébé aux bons soins d’un écrivain ami à demi givré (qu’il n’écoutera pas plus).
    Certains détails sont intéressants, comme par exemple, la descente agitée et à haut risque, sur les terres africaines en ébullition, d’un Villepin que se veut courageux, voire héros romantique capable de braver les pires dangers…on imagine ne pas être très loin de la réalité, qui, tour à tour, oblige cette bande de hauts fonctionnaires à passer à toute heure du jour et de la nuit du dossier délicat avec les allemands, à une prise d’otages à l’autre bout du monde, en coachant un bateau en déroute, dont la cargaison risque d’entraîner une catastrophe dans un pays pas vraiment ami, sans oublier le jogging, les dîners en ville avec un Nobel de Littérature, les conseils du copain Goncourt et les relations avec la présidence et  autres ministères…comme dirait Lhermitte-Villepin, quand l’occasion se présente, tu pisses, tu baises, tu bouffes, car sinon, tu n’auras pas une minute à toi.
    Mais au final, de ce tournis de cinglés, il peut sortir une perle, comme le fameux discours de l’ONU, sur l'Irak devenu dans le film un pays imaginaire…comme quoi, il ne faut pas trop se laisser prendre par l’impression de gros bordel, on travaille quand même beaucoup, tout en sentant bien que la personnalité du patron est majeure dans la vie d’une telle boutique, qui choisit ses collaborateurs, donne le cap et au final décide de ce qu'il faut dire ou pas.

    Sur le film, que dire ? Que Tavernier en bon adaptateur consciencieux, doit être fidèle à la BD...trop...car une BD est une BD, on peut faire passer des choses extravagantes qu'on ne peut pas reproduire tel quel au cinéma, comme les portes qui claquent (ça devient vite gonflant)...mais les acteurs sont globalement bons (à part Lhermitte qui n'est peut être pas le meilleur casting pour le rôle), avec un excellent Niels Astrup en dircab  et si on fait un peu d'efforts, on en tire autant qu'un docu sur le sujet, souvent tellement bridé par les services com qu'il n'en sort rien...même si le portrait du ministère par Tavernier reste très contestable, voire superficiel...