The Master est pour moi un film très américain, qui marque la distance avec nos histoires françaises pratiquement toutes contrôlées, validées ou refusées par la diabolique CNC. D’abord, The Master, inspirée par la vie de Ron Hubbard, le père de la Scientologie, était dans mon esprit un film sur le pouvoir un peu maléfique…fausse piste, car The Master, évoquant la relation entre un gourou et un soldat alcoolique de retour de la guerre, est d’abord une narration du jeu entre les êtres, qui nous laisse souvent sur le flan avec nos stéréotypes. On aura beau dire, mais la quête de la liberté, c’est quelque chose pour les américains et on ressent dans ce film, toute la différence culturelle avec nos valeurs, coincées du côté d’une impossible égalité. Ensuite, on sent quelque chose de grand, quelque chose d’intemporel, quelque chose de vaste dans l’espace (particulièrement dans une scène de moto dans le désert américain ou dans le bureau du Maitre à la fin), quelque chose de fort dans les travellings, à fond la caisse, ou dans les cadrages, comme au début, avec le héros, en équilibre en haut d’un navire. On est loin d’Augustine, ce film franchouillard, qui était censé raconter la relation entre Charcot et l’une de ses patientes. Dans The Master, on est loin du pédagogogo, les personnages sont comme dans la vie, insaisissables même s’ils sont gourous et Anderson, le metteur en scène, ne s’attarde pas sur les « clients », se gardant bien de juger quoi que soit. Pour moi, tous les protagonistes du film sont responsables de leur parcours, étant tour à tour, possédant et possédé. Bref, on est loin de nos philosophies à la petite semaine (taxables à 75%)….