"La sexualité, l'ambiguïté, l'ambivalence et la subversion des normes sociales ou familiales sont certains de ses thèmes privilégiés" révèle la fiche Wikipédia d'Ozon le réalisateur de Frantz, s’inspirant d’un film de Lubitsch, qui est de mon point de vue (je ne connais pas tous les films d'Ozon), une thématique majeure du dernier film du réalisateur, avec Pierre Niney (et non Miney comme a écrit un abruti de journaliste, le lapsus est intéressant) et Paula Beer, une jeune actrice allemande, merveilleuse de vivacité et de sensualité, dans ce long métrage, que je recommande, sorti cette semaine.
Le conflit entre le Ca et le Surmoi à la sortie de la guerre 14, où le patriotisme, la religion, le courage, le sacrifice tenaient une grande place, est abordé en filigrane dans Frantz et permet de comprendre les choix pas toujours « libérés » des personnages, en particulier pour l’homme joué par Niney …en filigrane, car le dossier de presse introuvable sur internet en accès libre*, semble vendre le film, d’après les articles qui y font référence, comme une sorte de suspens, avec une suite de secrets et de mensonges qu’il ne faut surtout pas révéler. Serait-ce le signe d’une opposition entre réalisateur et production, qui trouvant le film trop intello, cherche à le vendre comme un thriller ?
En tous cas, les critiques des journalistes sont souvent premier degré et là, Frantz n’a aucun intérêt, le pompon étant décerné au « grobeu » populiste de Pierre Murat de Télérama, qui signe un papier assez grotesque, à mes yeux (comme souvent).
Pourtant, ce thème de la pression sociale et religieuse est intéressant, passionnant même. L’aborder permettrait d’élever un peu le niveau sur le voile par exemple, car qu’est ce que le voile, sinon un signe fait pour limiter les pulsions des hommes envers les femmes. Au passage, on pourrait aussi se poser la question, comme l’a fait l’American Sociological Association « Pourquoi les noirs et les musulmans vont si peu consulter un thérapeute et un psychanalyste », un % relatif sur cette tranche de population étant encore plus faible que celui des classes pauvres, qui consultent également bien moins que les classes supérieures et instruites blanches.
Mais bon, le sujet est tabou en France, puisque chez nous, c’est Intégration, égalité et absence de discrimination statistique sur les origines religieuses.
Mais je m’éloigne, curieux cette manière très française de faire toujours simple dans les médias (et à l’école) pour être soi disant compris du plus grand nombre et tenter de construire une sorte de communauté homogène (on voit le résultat)…alors, on se passe de l’essentiel, on vend de la guimauve pour attirer le chaland et le monde du cinéma (se disant souvent de gauche), qui tient à préserver l’exception culturelle française, est très capitaliste dans ce domaine…mais je m’éloigne de Ozon, Pierre Niney et Paula Beer, deux acteurs d’une hyper sensibilité, qui donnent à qui sait voir, un très beau moment de cinéma.
* Le dossier de presse est quasi obligatoire à chaque distribution de film, et est en général accessible facilement, destiné à la fois à la presse, mais aussi à des enseignants, qui voudraient débattre autour de l’œuvre.