Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

cinema - Page 54

  • Alceste à bicyclette

    alceste-a-bicyclette-photo-5064653bd5f28.jpg

     

    A vrai dire , je n’avais pas trop envie de voir ce film….d'abord, Molière, à l'école, surtout le misanthrope, je n’avais pas gardé un grand souvenir et j’avais assez peur du film style Nouvelle Vague intello, sorte de théatre filmé,  avec un Lucchini qui en fait trois caisses.

    Mais les journées sombres neige verglas étant, dans une banlieue où la programmation cinématographique n'est pas très riche, je me suis laissé tenter, histoire de mettre un peu le nez dehors…et puis, j’aime bien l’Ile de Ré, cela pouvait peut être me suffire.

    Au début, j’ai eu un peu peur, quand les deux zozos ont commencé :

    Moi, votre ami ? Rayez cela de vos papiers.
    J' ai fait jusques ici profession de l' être ;
    mais après ce qu' en vous je viens de voir paroître,
    je vous déclare net que je ne le suis plus,
    et ne veux nulle place en des coeurs corrompus.

    Et, puis, je me suis senti touché de manière très intime par ce Alceste, endossé par un Lucchini aux allures dépressives, reclus dans son ile, détestant l’humanité, ne voulant plus voir personne, se fachant avec tous ses amis et reconverti dans la peinture de papy.

    je hais tous les hommes :
    les uns, parce qu' ils sont méchants et malfaisants,
    et les autres, pour être aux méchants complaisants,
    et n' avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
    que doit donner le vice aux âmes vertueuses.

    Entre deux escapades aux quatre coins de l'Ile, du Phare des baleines aux Portes, en passant par Saint Martin  et  la Flotte, avec un temps variable, calqué sur les états d'âme du couple Wilson - Lucchini, les morceaux de pièce, savamment choisis, prennent tout leur sens, évoquant avec finesse un thème universel, traversant le temps :

    je ne trouve partout que lâche flatterie,
    qu' injustice, intérêt, trahison, fourberie ;
    je n' y puis plus tenir, j' enrage, et mon dessein
    est de rompre en visière à tout le genre humain.

    La progression du scénario est subtile, les deux compères finissent par devenir très attachants, pathétiques, proches dans leur réflexion et leur vision du monde, de tout sénior un peu revenu de tout :

    Puisque entre humains ainsi vous vivez en vrais loups,
    traîtres, vous ne m' aurez de ma vie avec vous.

    A la fin, j’étais hyper séduit….Lucchini, tu es vraiment un extraordinaire prof de littérature, et je t’adore…