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Cosmopolis, un grand film

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Cosmopolis est un grand film, adapté d'un roman de Don LeLillo, un très grand film qui méritait mieux à Cannes…certes, c’est un film difficile, avec une avalanche de dialogues, mais il le faut….car Cosmopolis parle du temps, du vertige que les capitalistes connaissent bien…toujours plus vite, toujours plus étonnant, toujours considérer que le présent est déjà dépassé, qu'il faut détruire et reconstruire sans cesse…le capitalisme n’est plus seulement affaire de profit, de lutte des classes, il est anarchie, rupture, jeu intellectuel, à l’image de Mathieu Pigasse, le patron dérangeant de la Banque Lazard et des Inrockuptibles (qui adorent le film), qui se dit punk, de gauche, tout en étant administrateur des casinos Barrière…dans le film, le jeune patron aime un rappeur soufi, qui décède à cause du système, un peu comme Michael Jackson...ce qui donne lieu à une super scène d'enterrement devenu show, que le milliardaire suit sur son écran, comme il suit les cours de la Bourse... 

Le film décrit très bien l’opposition entre le monde de la finance, où les profits peuvent s’opérer en quelques nanosecondes, un truc de gamin surdoué, prêt à détruire la planète pour jouir et oublier sa propre mort et ses angoisses, et le peuple, qui veut revenir au vieux monde, qui s’oppose, qui manifeste, pratique l'entartage sous les flashs d'une meute de journalistes, qui est prêt à s’échanger des rats s’il le faut (étrange analogie avec rate, valeur en anglais) devenue la seule monnaie stable, dans un monde qui s’effondre…

A la fin dans un long dialogue, un ancien salarié veut tuer le jeune patron, parce qu’il dit que le libéralisme l’a tué dans sa tête, le plaçant dans une situation de perdant, d’impuissance, de pauvre type….

Je ne peux m’empêcher de penser à ce que je vis, en ce moment, Hollande m’angoisse, avec sa normalité, son respect, ses trop bons sentiments, son rythme de fonctionnaire, son désir de calmer le temps, de se passer de sécurité…je n’aimais pas Sarkozy, mais sa bougeotte et son exitation me rassuraient, elles étaient dans l’air du temps….c’est terrible, suis-je moi aussi, mort dans ma tête, tué après quarante années de bougeotte, passées à inventer sans cesse toutes sortes de choses plus ou moins utiles pour sauver mon emploi (et enfouir mes névroses) dans des multinationales…

Oui, c’est vraiment un grand film et dommage que Moretti et son jury aient voté pour un cinéma assez classique à la papa...

Image: Tableau de Rothko, le peintre nihiliste très en vogue chez les riches, toile de fond du film Cosmopolis

 

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