Cette exposition, du vidéaste Bill Viola, qui débute au Grand Palais à Paris, est une véritable expérience.
D’abord, pénétrant dans la quasi obscurité, on se dirige vers la lumière des écrans plats ou des images vidéo projetés; la première sensation, face à des vidéos apparemment très banales, ne laissant percevoir que des mouvements à peine visibles, est de s’être fait avoir, de visiter un nouveau temple bobo, une sorte de Nuit Blanche, un ramassis « d’installations » de petits «performers» snobs à la créativité un peu molle. Je me suis vite interrogé, sur ce que, tous ces jeunes gens assis par terre, pouvaient retirer comme émotion, face à ce spectacle sans intérêt, comme hypnotisés par seulement le fait qu’il s’agisse d’images réalisées par un artiste de renommée internationale …
Et puis, les yeux s’habituent…et de chapelles en chapelles, car on ressent vite une sensation spirituelle étrange, une sorte de mélange d’angoisse et de sacré, dans ces salles sombres, vides, montrant sur de petits écrans des humains dormant…ou morts… grimaçant ou submergés par des trombes d’eau…le cerveau se met à fonctionner... je m’imaginais dans une église, entouré d’écrans diffusant des films morbides…
Et la sensation se confirme au fur et à mesure de la visite, mais il faut prendre le temps, la magie de l'artiste se trouvant dans la durée de chaque film, qui bascule à un moment du commun à l'exceptionnel…on n’a pas rêvé…Viola est bien un vidéaste de l’au-delà…ainsi, quand on se retrouve face à un gisant, sur un mur de trois mètres, dont le corps s’élève, comme attiré par une cascade dont le sens serait inversé, on sent qu’on voyage vers des rivages troubles, qui vous renvoient, en tous cas moi, à votre propre mort..et cette impression va croissante, jusqu’au bout de l’exposition, face à des tableaux toujours plus monumentaux, toujours plus surpenants …à voir…à vivre, plutôt…