L’exposition sur le photographe russe Procoudine-Gorsky, présentée au Musée Zadkine à Paris (jusqu’au 13 avril) est intéressante, mais pas très bien documentée de mon point de vue. En effet, le travail de "nettoyage" et de reconstruction des couleurs, à cause du flou généré par les poses et les changements de plaque, n'est pas du tout abordé dans l'exposition, alors que c'est l'un des points les plus intéressants et qui a fait l'objet de nombreuses études dans le monde. (voir la photo ci-dessous non traitée).
Un logiciel gratuit est même mis à disposition par le ministère russe de la culture pour expliquer le travail sur les filtres et sur la couleur. Essayons donc d'apporter un peu d'éclairage sur les recherches de Procoudine Gorsky.
Ce petit fils du dramaturge Mikhail Ivanovitch Procoudine-Gorsky, issu de la vieille noblesse russe, est un brillant ingénieur, qui se passionne pour les travaux de l’anglais Clerk Marwell sur la trichromie (séparation des couleurs), parus en 1861, soit une petite dizaine d’années avant ceux de Charles Cros. Le russe améliore la technique et réalise des diapositives couleurs de grande qualité, comme on le voit ici.
Le principe est le suivant :
1 – On réalise trois plaques en négatifs, en utilisant des filtres rouges, bleus, verts. Bien sûr, il ne faut pas bouger et je donne ici une reproduction des temps de pose à utiliser, travail du chimiste allemand Miethe. On fait ensuite trois positifs par contact de ces plaques.
2 – Les plaques sont ensuite mises dans un projecteur mis au point par le russe, qui perfectionne également la prise de vue, par l'égalité de la photosensibilité sur les 3 émulsions, grâce à ses compétences de chimistes. L'image est ensuite projetée. Procoudine-Gorsky devient la maitre de cette technique en Russie et en Europe.
3 – Dans l’exposition présentée à Paris, qui est réalisée à partir d’une centaine de plaques exécutées entre 1903 à 1916, retrouvées et conservées à Washington sur les 3500 vues faites par le photographe, on a eut recours à une technique de scan, puis de numérisation nommée la digichromatographie, qui par un procédé informatique de concordance des points communs, améliore considérablement la qualité du rendu par élimination d’une grande partie des flous, comme le montre la photo ci-dessous.
4- Dans l’exposition, on a laissé les images sur plaques de verre éclairées par l’arrière, afin de conserver un peu le rendu tel que l’a voulu l’artiste.
Le musée Zadkine est au 100 bis rue d'Assas à Paris