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Une vie violente - le film

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J’ai bien aimé « Une vie violente », qui évoque le parcours d’un jeune étudiant en Sciences Politiques sur le continent, qui se radicalise et bascule dans le terrorisme corse avec les indépendantistes autour de l’année 2000.

J’ai surtout apprécié la manière dont le scénario est construit et le montage du film, où rien n’est donné au spectateur sur un plateau, donnant à voir une suite de scènes dialoguées, assez disparates, qu’on a souvent du mal à comprendre et à rattacher entre elles, mais où il faut néanmoins être très attentif (comme par exemple un échange sur la mauvaise réputation de l’université de Corte). Quant à la violence, assassinats et explosions de villas en particulier, elle est généralement suggérée, l’action se déroulant hors champs et de loin, en retrait du regard direct de la caméra.

Cette construction, assez singulière de la narration, convient bien à la culture corse pour ce que j’en connais, où tout est toujours un peu mystérieux et hermétique, ayant à la fois été surpris dans un tour de Corse que j’ai fait en 2004, par des situations qui ne me semblaient pas claires sur lesquels je suis tombé par hasard (par exemple, en pénétrant un soir dans un restaurant traditionnel à Ajaccio, où avait lieu une réunion d’indépendantistes où visiblement on ne m’attendait pas et où on m’a vite prié de quitté les lieux, ou en surprenant des hommes qui s’entrainaient au tir en pleine campagne, près de Sartène), et ayant côtoyé en tant que collègue, un jeune diplômé né dans les faubourgs de Bastia, avec qui je discutais souvent de la situation politique, de ce caractère rebelle et contestataire des institutions qui le caractérisait, et de ce curieux mélange entre esprit de corps tribal et peur de ses voisins, la Corse m’apparaissant comme un agglomérat de bandes rivales condamnées à faire du business plus ou moins louche, capables de s’allier ou de se détruire suivant les circonstances.

Le film montre bien l’engrenage dans lequel tombe un jeune idéaliste marxiste, qui porte dans ses gènes, le poids de la tradition et l’héritage culturel de l’ile (machisme et honneur familial, révolte contre les politiques français et Paris, désir d’émancipation face à une situation économique plus que difficile, lien historique avec le FLN algérien des années 60 et anticolonialisme, etc..), à travers ses rencontres avec des groupuscules aux pratiques mafieuses (sans être aussi organisés que la Mafia Sicilienne, comme il est dit dans le film), rencontres où les codes de mâles un peu primaires, semblent l’emporter sur la réflexion et sur une construction intellectuelle un peu élaborée, le héros me paraissant souvent lui-même un peu largué, mais incapable de fuir son destin, compte tenu de ce qu’il savait….

« Une vie violente » est un peu comme une polyphonie corse, avec un registre mélodique de base, interprété par le rôle de l’étudiant, qui est le fil conducteur, et des registres d’accompagnement, à travers des situations qui semblent improvisées et qui donnent du corps à l’ensemble et donc, un film qui passe bien…

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