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  • Les racines du mal

    On salue avec un certain respect pour certains, mais avec une forme de moquerie ou de méfiance pour beaucoup d’autres, la culture du silence chère aux japonais…on évite de critiquer et de parler de tout à tord et à travers, au Japon, c’est comme ça…
    En France, c’est un art de vivre…j’ai retrouvé dans un grenier de vieux journaux et un article vieux de 67 ans, qui évoquait notre goût pour ce sport national :

    « Plus je vais et plus je crois, que nous sommes à notre façon, un peuple de critiques. Rien ne nous plait davantage. Si l’on faisait la proportion des œuvres des créateurs et de celles des critiques, elle serait de un à dix….
    La critique doit être péremptoire ou ne pas être. Ceci est bon, ceci est mauvais. Avoir une opinion, c’est choisir ses critiques, à tel point que ceux qui ont les avis les plus intelligents sont ceux qui lisent les critiques sans lire les livres ou les pièces…
    - Vous avez lu la pièce ?
    - Non, mais j’ai lu la critique, c’est très bien.
    J’ai connu des gens qui ont réduit des bibliothèques à quelques pages de condensé. Toute leur culture tient en ces petits mots. Ils ont un avis sur tout. Parlant d’un livre, ils se font briller. Ce n’est qu’une occasion de se montrer. Pour peu qu’ils aient de l’esprit, ils font des mots. Leurs lectures sont une sorte d’aliment dont ils tirent une quintessence. Ils parlent d’eux quand on les fait parler des autres. Etre cartésien, c’est avoir un avis sur tout, c’est résister à la vie trop complexe et trop bouillonne et trop étendue, pour créer un petit monde artificiel, où tout est de la main des hommes et à sa portée…
    C’est peut être ainsi qu’on forme une communauté avec des idées toutes faites. Et puis, plus tard, il arrive que l’on veuille vérifier ses jugements. Hélas, c’est au moment où l’on a des idées à soi qu’il est presque temps de faire son paquet. Honneur aux critiques, c’est peut être grâce à eux, que les créateurs, s’ils ne sont pas lus, laissent un mot, une phrase, une idée…autrement, que resterait-il…pas même un murmure, car les bibliothèques sont étrangement muettes »

    Intéressant ce texte, on pense au Tout Paris, aux dîners en ville, à boboland, au salon du livre et aux livres dont on parlera sans les avoir lu….
    Ah, le texte ? il est extrait de « je suis partout *», journal collaborationniste qui paraissait pendant la seconde guerre mondiale et qui, de manière subversive, cassait du bourgeois et véhiculait une certaine forme d’idéologie qui se voulait révolutionnaire…

    *La lecture de « Je suis partout » me trouble…cette presse nauséabonde avait pour fond de commerce de taper sur une certaine droite, le profit, l’entreprise, le capitalisme et en même temps, sur la gauche bourgeoise et intellectuelle…il faut toujours garder à l’esprit que cette forme de pensée, qui a marquée les esprits pendant les années 30 – 40 semble toujours prête à bondir, comme une vilaine racine qui s’acharne et repousse tout le temps….