Le problème du gouvernement Ayrault est pour moi, d’abord, un problème de méthode. Elu et représentant du peuple, les socialistes gèrent les dossiers comme pourrait le faire n’importe quel citoyen normalement constitué, avec un peu de bon sens.

Prenons des exemples : on rapporte au Ministre de l’Education que les élèves ne respectent plus leurs professeurs…alors, on propose de la morale et de l’instruction civique….le temps est à la canicule, on fait des notes pour hopitaux et maisons de retraites...un cargo dangeureux traverse les eaux territoriales, on survole l'embarcation en hélico....plus complexe, la décision de valider ou pas la construction du Canal Seine Nord (imaginé par Rocard en 1992) par le Ministère des Transports, évalué à 5 milliards d’euros…le dossier, en partie préparé sous le précédent gouvernement, et dont l’étude d’impact est terminé,  rapporte que les risques d’avoir du mal à financer le projet sont importants, relatant des désaccords entre prévision du Maitre d’ouvrage et constructeurs privés (Bouygues, Eiffage)…le rapport souligne aussi que le retour sur investissement ne pourra se faire que si des décisions européennes politiques sont prises sur le partage des transports de marchandise entre route, fer, eau…

Que fait le Ministre ? Il redemande une évaluation (dont on peut déjà imaginer qu’elle aboutira à des conclusions de ne pas faire le projet)…il faudrait anticiper, avoir une feuille de route, avoir une ligne stratégique, prenant en compte l’écologie, les risques d’inflation du pétrole brut…mais, pour les socialistes, on doit considérer que ce n’est pas le rôle de l’Etat que d’être en proposition, préférant  être en réaction, en gérant les comptes en bon père de famille. C'est bien d'avoir mentionné un axe croissance, mais encore faut-il y mettre du contenu. je pense que la plupart de nos ministres manquent de préparation...et n'oublions pas non plus qu'ils repartent de zéro (locaux, armoires et ordinateurs vidés lors de leur passation).

Faut-il attendre que le pays soit totalement en faillite (il l’est déjà, à mon avis) pour prendre des décisions stratégiques ? On découvre que l’Etat se désintéresse depuis 30 ans de la politique industrielle…va-t-on continuer longtemps ce petit jeu ? Il est vrai que les français n'aiment pas etre bousulés...ils préférent être déprimés.

Ce qui manque à nos politiques publiques, c'est la capacité à susciter l'enthousiasme. On appelle ça le réalisme. C'est plutôt une croyance à l'ordre immuable des choses. Les plus irréalistes ne sont pas ceux qu'on pense.

Jacques Nodin, ancien préfet,s'exprimant dans le Monde ce matin, à propos du contrat de génération.