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  • Le combat pour la liberté

    Mon père a la charge de ma fontaine, à une heure précise, quand j’ai fini mes devoirs, avant le diner : tous les deux, on s’enferme dans la salle de bain pour cette opération délicate (me décalotter), je n’aime pas ça, ça pique, il a fait bouillir la poire en caoutchouc et a dilué dans de l’eau, dont il a mesuré la température, du Thermolactyl….// mon père a tant et tant de fois touché ma fontaine que je demande à voir la sienne. Il rechigne. J’insiste. Il se soumet. J’ai les yeux fixés sur son pantalon. Il ouvre sa braguette, et à ce moment là, je vois quelque chose que je n’ai plus jamais revu de ma vie : une sorte de bête annelée et bondissante, sanguine, tire bouchonnée et crue, un boudin rose terminé par une massue en forme de cône// …..Je vois une pièce d’anatomie….//

    // Je regarde distraitement dans le sceau à ordures, quand soudain, je distingue au dessus des détritus quelque chose de luisant et dégonflé, totalement inconnu, que je ramasse pour l’examiner : mes doigts se mettent à faire glisser la membrane translucide sous sa glu, cherchant à comprendre ce qu’elle peut être, l’ignorant et l’apprenant à la fois, très légèrement horrifié, d’une horreur que recouvre la satisfaction de détective qui consiste à rattacher ma sensation à l’affairement de mes parents. Je relaisse tomber la capote dans le sceau et m’essuie les doigts sur les pelures, pour manger ma mandarine. Quelques instants plus tôt, mon père est l’être que j’adore le plus au monde. En quelques instants, le temps de ce toucher, il me devient l’être le plus haïssable. Pourquoi, à partir de cet instant, sa joue me dégoute, pourquoi je refuse de remonter sur ses pieds et de m’enfouir la tête dans son pantalon, pourquoi je l’empêche, en me moquant de lui de m’appeler son ami, comme il le désire.

    Hervé Guibert Mes parents

    J’ai beaucoup lu de littérature écrite par des homosexuels, parce qu’elle me parait souvent plus « vraie » et plus rebelle* que les autres. J’ai, en particulier, beaucoup aimé Hervé Guibert, un écorché vif, dont j’ai lu plusieurs de ses livres, admiré ses photos, et conservé dans mes archives son dernier film, "Pudeur et impudeur" qu’il a réalisé avec une petite caméra vidéo, alors qu’il était en train de mourir du sida, évoquant son combat, contre une société, qui à l’époque, les années 80, considérait le sida comme une maladie honteuse.

    Je ne sais pas ce qu’Hervé Guibert aurait pensé du mariage gay, lui qui était un homme libre, a été marié avec la compagne de son ami décédé, et je ne veux surtout pas trahir sa pensée....et puis, je ne souhaite pas la polémique avec Bergé sur les bons pédés, même si quand je lis les banderoles de la manif, je me pose des sacrées questions et me demande qui est sexiste..

     

    homosexualité

    Je souhaite seulement à tous ceux qui ont manifesté pour le mariage gay, d’être aussi authentiques et honnetes dans leurs intentions, que l’aura été Hervé Guibert, qui lui, s’est battu pour une véritable « avancée » sociétale et l’a payé, malgré ses luttes, de sa vie...

    * C'est pour cela que je ne comprends pas bien ces besoins de "normalité " et de mariage