Fête des pères à la Closerie des Lilas, un de ces monuments parisiens de la restauration non loin du Luxembourg, qui a vu passer jadis tout le gratin, de Fitzgerald à Aragon, et tant d’autres qui ont fait la gloire de Saint Germain des Prés et Montparnasse, quand la capitale rayonnait, il y a longtemps, oui longtemps…
Il y défile toujours des artistes, des journalistes, des politiques de tous bords ou des entrepreneurs, petits ou grands et le pianiste joue toujours Francis Lai, Barbara, Gainsbourg, Delpech…pour le folklore, pour l'ambiance et pour l'image qu'il faut entretenir… car de nombreux touristes avertis constituent une part non négligeable de la clientèle, un œil sur le plan de Paris et au autre sur le précieux Smartphone, afin de rentabiliser au mieux les visites de l’après midi, avant de sauter dans un taxi pour Roissy…
Les repas brasserie sont toujours de qualité, tout comme les plats traditionnels revisités, comme on dit aujourd’hui, car en France, on ne crée plus beaucoup , au mieux on rénove...sur les étagères en acajou, les réchauffe plats en cuivre et les sceaux à glace Moêt Henessy trônent toujours, sous la verrière, entre les plante vertes et les paravents en bois... on est à l’aise, ni trop chaud, ni trop de bruit…
Le chanteur Renaud y avait établi ses quartiers, un dernier sursaut avant de sombrer définitivement dans son dernier purgatoire…il habitait même l’appartement au dessus du bar, pour pouvoir être raccompagné plus facilement quand il ne voyait plus bien clair à une heure déjà avancée de la nuit, il a écrit une chanson en hommage à ce lieu, où il dit avoir rencontré sa campagne, avant de replonger dans ses vieux démons et sa solitude... enregistrée sur l'un de ses derniers albums cela n’a pas marqué l’histoire de la chanson française…quand ça le fait plus, ça le fait plus…
Pourtant, j’aime bien le parfum de nostalgie qui enveloppe l’endroit, pas trop bobo, pas trop bling bling, et j'apprécie y venir de temps en temps, même si le maitre d’hôtel au regard perçant, qui finit sa carrière, semble ne plus avoir envie de plaisanter, comme au bon vieux temps…les deux stagiaires qu’on lui a demandé de former pour l’aider dans son service, n’ont pas l’air de le rendre heureux, il faut dire que je les verrai mieux pianoter sur Twitter que dresser le couvert …tout ça passera…la la la, comme disait Ingrid Caven, une chanteuse allemande peu connue, ex compagne de Fassbinder...l’histoire coulera, on ne sera plus là, la, la, la ,la…