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  • Passion française - La parole donnée aux cités

    Il faut lire « Passion française » de Gilles Kepel, cet universitaire qui a consacré toute sa vie aux cultures méditerranéennes, observateur pertinent des révolutions arabes et qui a enquêté cette fois, pour son dernier livre paru il y a u n mois, sur l’émigration en France, se focalisant sur deux villes particulièrement marquées : Marseille et Roubaix. 
    Evidemment, l’affaire belge contre les juifs, du suspect arrêté ce WE résonne étrangement avec cette enquête et je pense qu’on n’a pas fini de voir cet expert sur les plateaux, qui était déjà avec Bourdin ce matin.
    Si je veux en parler ici, c’est que ce travail d’investigation montre bien la particularité française de notre émigration, qui n’est pas à confondre avec le multiculturalisme anglais, suisse ou canadien et qu’il faut se garder des analyses trop simplistes, d’amalgames partisans et de condamnation hâtive du parti de Le Pen…On saisit bien à travers cet ouvrage la gravité du problème, où nos rêves d’intégration sont bien mis à rude épreuve, même si l’auteur en homme de gauche qu’il est, cherche à dédramatiser la situation, tout en s’offusquant de la montée en puissance des foyers salafistes radicaux ces toutes dernières années, et en laissant à chacun le soin de se faire sa propre idée, à la lecture des comptes rendus d’interviewes.
    Car c’est bien à l’histoire française et à sa relation avec l’Algérie et l’Afrique que l’on doit cette particularité, mêlant legs colonial, poursuite des affrontements sanglants entre factions opposées entre 58 et 62, puis au prolongement des conflits de l’autre rive de la méditerranée et en Syrie, amplifiés par la pauvreté et la marginalisation, le refus de « voir » par les deux grands partis, que l’on doit cette spécificité qui est une bombe à retardement.
    Gilles Kepel montre bien dans son livre la relation étroite entre extrême gauche, catholicisme social, puis FN qui savent tous trois à leur manière, être à l’écoute de ce qui avant tout une détresse amplifiée par notre fragilité économique, poursuivant chacun des buts qui servent leur cause, et qu’il serait intéressant de développer en terme de stratégie.
    Des groupes aux origines essentiellement maghrébines (il ne s’intéresse pas au cas de l’Afrique noire dans le bouquin) ont été dangereusement isolés, laissant se développer des conflits internes à cette communauté, mais aussi émerger des extrémismes, sans imaginer probablement par des vues à court terme (et par incompétence), que les choses pouvaient être bien plus profondes et déstabilisantes, que UMP et PS faisaient semblant de le croire, se limitant à récupérer avec plus ou moins de bonheur, leurs combats pour des raisons électoralistes, sans trop se mouiller, tellement ces brûlots sont loin des objectifs à atteindre, pour rattacher notre beau pays aux contraintes européennes et satisfaire les demandes légitimes par ailleurs de Bruxelles.

    Je me garderai d’extraire des citations sur un sujet aussi incandescent, c’est pourquoi je conseille à qui veut comprendre un peu où nous en sommes, de lire ce livre.