Juppé, qui veut se présenter à la Présidence via des probables primaires à droite, est convaincu qu'il est possible de rassembler les français, même s'il convient qu"ils sont aujourd'hui très divisés.
Je lui souhaite bien du plaisir, tant notre pays semble morcelé, avec des aspirations qui partent dans tous les sens...chacun a sa petire idée sur ce qu'il faudrait faire, en fonction de son portefeuille, de son histoire, de sa religion, et en fonction de son implantation géographique.
En Province, beaucoup ne croient plus à la politique, et refusent le système tel qu'il fonctionne, jugé trop parisien, un phénomène pas vraiment nouveau, on l'observait déjà juste avant la guerre 14.
Ce qui est assez nouveau, c'est que beaucoup se rangent derrière les alter mondialistes qui s'imaginent qu'avec trois brocantes et quelques échanges de services entre voisins, en réparant les vieux postes de TV et en faisant pousser des patates dans son jardin, on va sauver la planète et le peuple du monstre capitaliste.
Dans le même registre, France Culture, qui ne doit plus avoir grand chose dans le disque dur, dont la ligne éditoriale est de plus en plus étrange, a diffusé tout l'été, à raison de deux fois par jour, à prendre avant les repas, les conférences de Michel Onfray, données dans son université populaire à Caen.
Il suffit de l'écouter, lui qui claque beaucoup les intellectuels dans son genre, et qui semble souvent régler ses comptes avec ses confrères, pour se convaincre que notre France est tombée bien bas. Pourtant, je trouve qu'au début, cela tenait la route, mais depuis le 15 aout, on s'enfonce dans des palabres de café du commerce, lui qui disait que Debord puisait ses idées auprès des piliers de bistrots du Bd St Germain, à l'air de trop fréquenter les buvettes de concours agricoles et les pots d'aniversaire de vieux profs, à l'école communale du coin ...
Il reprend un certain nombre d'idées que j'entends souvent en Province, à savoir que le libéralisme est mort, tout comme le socialisme, qu'Hollande et ses potes énarques ont tué, et qu'il faut redonner la parole au peuple, qui, bien sûr, est beaucoup plus propre que nos élus corrompus, menteurs, manipulateurs et cupides...comme si la masse était majoritairement bien meilleure que nos élites : économe, bonne, humble et peu gâcheuse...
Par ailleurs, Onfray qui se définit comme un hédoniste plus ou moins libertin (c'est pas très clair, rien à voir avec DSK), ridiculise publiquement à peu près toutes les religions, jugeant le pape et l'évangile aussi peu crédibles que Mickey, trouvant que les intellectuels juifs sont souvent tirés par des idéaux néo nazis, en évitant néanmoins de frapper trop fort du côté des musulmans, peut être par peur qu'on lui tranche la gorge comme un mouton normand, au fin fond d'une cour de ferme, sans anesthésie, après lui avoir mis une camisole jaune et un sac sur la tête, afin de faire le buzz sur Youtube.
Et même si le philosophe anti européen, anti euro, anti Mastricht, anti média, anti informatique, anti pub, anti parti, bref anti tout sauf la musique classique et les petits plats, dénonce parfois des choses justes, il semble croire quand même lui aussi, curieusement au Pére Noêl, car si on n'a plus d'élite, sous pretexte que ce sont tous des fous dangereux, je ne suis pas convaincu qu'on va aller très loin, dans une France, qui n'est pas seule perdue dans la galaxie, mais qui doit se positionner par rapport au monde. Je l'ai entendu cette semaine, lui qui se situait à l'extrème gauche chez NPA à une certaine époque, vanter un certain nationalisme, entre Dupont Aignan et les descendants de De Gaulle, ce "grand homme qui savait tenir tête aux américains".
Il représente bien ce pays, où régne un étrange climat, à la fois libertaire, individualiste, mais aussi un peu nostalgique des valeurs du RPF et de "je vous ai compris", ne révant que de solidarité, de fraternité et de repli sur la place du village...étrange ambiguité que l'âme humaine...vachement perdue dans la steppe, la France...