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  • Peut-on rire de tout avec n'importe qui ?

    Comprenez-moi bien, je suis consterné comme vous par ce qui s’est passé hier, je m’associe sans retenue aux hommages à venir, Cabu a  accompagné toute ma jeunesse avec son grand Duduche et ses beaufs, et je ne loupais jamais un dessin de Wolinski…

    Néanmoins, je suis allé sur le site de Charlie Hebdo, immédiatement après avoir appris la nouvelle…une bonne partie du site était consacrée à ces tristes barbus, barbus qui n’ont rien à voir avec le monde musulman, rappelons-le également. Peut-on rire de tout avec 1000 fous furieux qui sont prêts à tout….nous sommes en guerre contre la connerie, ne l’oublions pas…

    Deux anecdotes à suivre, s’il vous plait, lisez jusqu’au bout…

    La première pour rappeler mon affection à Charlie Hebdo, jadis Hara Kiri….longtemps, je l’ai acheté chaque semaine, et quand j’ai fait mon service militaire, j’avais affiché dans ma chambre de trouffion les couvertures du canard, dont « Bal tragique à Colombey » en novembre 70….le colonel a fait un jour une inspection des piaules, et j’avoue que je n’en menais pas large : il m’a rappelé que ce journal était interdit de lecture à l’armée (eh oui, c’était comme ça en France en 70, tout comme tout livre non violent, y compris Martin Luther King), que j’étais passible de tribunal militaire avec à coup sûr, une assez lourde condamnation…il a ordonné que je « nettoie » ma chambre immédiatement, mais n’a rien fait de plus…cela a quand même été noté sur mon dossier (provocateur) et je n’ai pas eu droit à la promotion de grade automatique dont tout soldat du contingent bénéficiait à l’époque, ce dont je suis très fier….mais je dois ajouter que je n’ai pas fait mon service n’importe où, avec n’importe quel connard d’adjudant chef revenant d’Algérie, comme cela pullulait jadis…mon courage a des limites...j’étais pion dans une Ecole Militaire…

    La seconde se passe pendant la seconde guerre mondiale à Paris, à l’ambassade allemande…Céline, Drieu la Rochelle et Gen Paul rencontrent Otto Abetz…Céline part en vrille, dit qu’Hitler est mort, puis s'adresse à son pote :

    « Allons, mon bon Gégène (le peintre Gen Paul), te fais pas prier ! Ici on est entre copains. Montre-nous comme tu sais bien faire ton petit Hitler... 
    Gégène hésite un peu. Mais il finit par s'exécuter. Il sort une blague à tabac de sa poche, en tire une pincée de scaferlati, la malaxe entre trois doigts et la place sous son nez. Puis, d'un geste brusque, il se rabat une mèche de cheveux en travers du front, prend une pose napoléonienne (une main dans le dos, l'autre dans l'entrebâillement de son gilet), roule des yeux furibonds et dit d'une voix gutturale : 
    - Raou, raou, raou, raous !

    En sortant, Gen Paul raconte qu’il a eu la peur de sa vie…je crois qu’il a même été fâché un temps avec Céline…mais le nazi en face n’était pas n’importe qui, c’était d’après tous ses biographes, un homme fin, de grande culture, adorant la France, qu’Hitler avait placé là pour manipuler l’information et les intellectuels français (il a quand même fait torturer et déporter, ce n’était pas un enfant de cœur)…si Céline avait fait la même chose avec Goering, Himmler ou je ne sais quelle brute épaisse, je ne pense pas qu’il aurait fini sa vie à Meudon…

    J’aime la liberté, et je suis prêt à me battre pour....mais peut-on provoquer n’importe quel fou furieux…c’est lui accorder trop d’intelligence, malheureusement….

    je cite Wolinski de mémoire :

    "je ne m'adresse pas à eux (les terroristes), je m'adresse à ceux qui comprennent, je fais de l'humour, parce que je suis libre...// mais je sais bien que la justice n'existe pas et que tous les hommes n'ont pas une bite de la même longueur"

    Je voudrais aussi qu'on respecte la lucidité de ce grand monsieur qu'il était...