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  • De la Willkommensfest à Das Auto Kaput, une Allemagne très contrastée

     

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    Gâteaux dans une pâtisserie de Hambourg 

    Dimanche dernier, dans le nord de l’Allemagne à Karolinenviertel au nord ouest du centre de Hambourg, avait lieu un grand poulet barbecue avec desserts « Welcome » destinés aux réfugiés, tout nouvellement arrivés dans la région.

    Dans cet endroit un peu cradingue, aux murs taggués, situé tout près du mythique Sankt Pauli, un ancien quartier pauvre en résistance à la gentrification qui transforme les abords du Reeperbahn en unités résidentielles, à grands coups d’expulsions et de rénovations urbaines pour bourgeoisie intellectuelle haut de gamme, des gauchos écolos tentent de ramener à eux quelques bobos nouvellement emménagés, qui adorent côtoyer SDF et meute défavorisée pour justifier leur appartenance au SPD. Cette Allemagne là représente bien ce que pense de nombreux allemands, prête à faire tout ce qu’elle peut, pour intégrer au mieux tous ces pauvres gens jetés sur les routes pour fuir la guerre et l’oppression, une Allemagne un peu romantique qui n’apprécie pas trop les images de policiers aux gants bleus en caoutchouc qui bousculent les immigrés dans les aéroports et les gares de Bavière, tout en espérant quand même que l’Europe prenne sa part du gâteau…

    Plus à l’ouest, entre Cologne et Francfort, une droite que l’on va nommer conservatrice par commodité, est furieuse après la Chancelière, rebaptisée "Lorelei", tu sais la mauvaise nymphe de la mythologie germanique, qui rode autour du Rhin. Les mots sont de plus en plus durs pour qualifier ce mouvement jugé niais qui tire le pays vers le bas, depuis qu’une photo d’enfant turc a fait le tour du monde.

    On peut lire TugendPrahlerei, un qualificatif difficile à traduire (étaler sa vertu, fanfaronner sur sa bonté, vanter  ses mérites) pour parler de Mutti dont on se demande quelle mouche l’a piquée pour qu’elle marche à ce point sur la tête. Bien sûr qu’on a besoin de main d’œuvre, mais comment on va arrêter le robinet, car on ne croit pas aux quotas (quand le quota est atteint, tu fais quoi, tu refais le mur de Berlin), ni à la distinction claire entre migrant économique et réfugié…on estime déjà à 10 milliards minimum le coût de cette opération de bonne camaraderie style Freie Deutsche Jugend, (un mouvement de jeunesse en RDA de jadis, où Merkel a passé du temps comme animatrice culturelle dans sa vie étudiante), tout en étant lucide sur l’état catastrophique d’une administration qui n’arrive pas à suivre, qui est larguée dans les dossiers, avec une informatique calamiteuse et qu’on juge encore plus nulle que la bureaucratie grecque.

    En fait cette Allemagne divisée, elle rappelle l’Angleterre de Corbyn et de Cameron, d’un côté une grande masse, majoritairement oubliée par la mondialisation mais qui reste généreuse, fidèle aux valeurs des classes populaires, et de l’autre, des décideurs, des technocrates, des financiers sans états d’âme, généralement issus de bonne famille, qui plaident pour récupérer de la main d’œuvre pas chère, de la ressource qu’on gère comme des stocks à flux tendu et pour qui, il ne faut surtout pas en faire trop, car l'objectif est de maintenir, à tous prix, l'Allemagne à haut niveau sur la scène internationale…des gens style Bill Mc Dermott, le CIO de SAP, le grand éditeur de logiciel allemand,  qui a perdu un œil dans un accident très grave dernièrement (à peine opéré, de retour au business, car on avance, on n’est pas des tapettes), ou les managers de Das Auto Kaput, qui ne capitulent pas devant les accusations qui se multiplient sur leurs comportements, les dirigeants de Siemens et de la Deutsch Bank accusés de corruption, ces très élégants puissants qui s'en sortent toujours, vivant entre deux avions sans véritable patrie, tous trouvent de bon arguments pour justifier de leurs actions, sans omettre de dire que l'Etat Fédéral connait bien la situation…

    Et Merkel justement la dedans…on se sait pas bien…elle vient de l’est Mamy, et on se souvient dans les rangs des plus âgés des libéraux du CSU qu’elle est arrivée par calcul de Kohl et de Schaüble, qui voyaient dans cette femme sans grand charisme à l’époque, une manière de répondre au besoin d’ouverture à l’est tout en continuant à tirer les ficelles d’un capitalisme pur et dur pour mettre au pas les rouges de l’ex RDA.

    Comment tout cela va évoluer ? A suivre…