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  • Jeanne de Bruno Dumont, c'est du Warhol....

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    Quand Dumont s’attaque à Jeanne d’Arc et revisite l’Histoire de France, c’est du Marc Bloch assaisonné à la sauce Debord, du Peguy  rewrité par Stephane Fouks (Agence de Communication Havas). Le film commence assez fort, dans ses maintenant fameuses steppes de la « banlieue boulonnaise », avec Jeanne en plan fixe pendant trois minutes, regardant le ciel, comme  dans un clip, sur une chanson de Christophe, qui signe la musique originale.

    On pourrait croire, que c’est une adaptation un peu libre de Péguy, où la jeune fille comprenant que le Royaume est en perdition (la France d’aujourd’hui ?), où en gros le peuple (cet ogre déjà décrit dans ses précédents films)a lâché prise avec ses élites, qui ne croient plus à rien, et où l’Eglise est complètement à côté de la plaque, mélange d’irresponsabilité et de rhétorique, et où seule une espérance mystique semble encore possible.

    Sauf que plusieurs signes nous alertent sur éventuellement, un autre sens, plus terrible encore, que Dumont pourrait vouloir donner à son film, où rien n’est plus sérieux, où la forme emporte tout, où l’émotion fait que Zahia est sur le même plan que Sœur Emmanuelle et où la valeur des individus se compte en nombre de clics.

    Dumont filme ses cavaliers, qui telle une présentation devant Macron un jour de 14 juillet, font des figures avant de partir à la guerre, et le cheval de Jeanne danse sur la musique de Christophe, tout cela nous  rappelle que tout son propos  n’est peut être qu’une mascarade, un pamphlet audiovisuel avec effets spéciaux et fondus en arrière plan…Au placard, Dreyer, ta Passion de Jeanne d’Arc prend un coup de vieux, l’époque est à twitter et Photoshop, au superficiel,  plus à la compassion pour les martyrs. Dumont nous balance une mystique de carnaval, qui fait cogner son armure et la rend décalée, à moins qu’il ne la compare à une sorte de Greta Thumberg, les adultes ayant tellement perdu le cap, que même les enfants ont du mal à nous tirer dans le sublime…

    En même temps, c’est un vrai moment de cinéma…Il filme la cathédrale d’Amiens comme on ne la voit jamais, majestueuse, tout l’orgueil chrétien est là, la palette numérique a effacé tout ce qui est secondaire  et on a retiré les chaises…C’est là que se déroule le procès (un peu long), qui n’est rien d’autre que  du grand blabla (tu sens l’allusion), qui s’achève pratiquement avec Christophe, en robe de bure, relevant sa capuche et chantant, avec sa voix des mots bleus « Elle ira en enfer, …. », les prêtres et évêques ont les yeux exorbités et sont d’un ridicule…rarement, un réalisateur aura été aussi impertinent avec l’Eglise, tournée en dérision du début à la fin.

    Bref, tout ne serait plus que communication, y compris les mythes….On ne sait plus bien qui est Jeanne (une folle, une sainte ou les deux) et Dumont transforme  l’Histoire de France en modifiant la chute, comme pour dire, ce qu’on vous a enseigné, ce ne sont que des Fakes, Lavisse n’était peut être qu’un conteur qui a eu la chance de vivre à une époque où la presse ne décodait pas tout, pour le meilleur et pour le pire.

    On sent que Dumont a été prof, il y aurait de quoi faire avec ce film, qui pour moi, est du Warhol, tu sais quand l’artiste peignait « the Last Supper » avec des publicités par-dessus au pochoir…

    Bref, ce film est vraiment d’époque, mais il n’est pas à mettre dans toutes les mains (à mon avis, pas de danger,  il fera peu de spectateurs) et même si je ne retrouve pas mes appréciations chez les critiques, comme Arnaud Laporte et sa bande, sur France Culture,( parlant du Jeanne de Dumont de manière tellement pédante, que ça vire à la connerie pure…), je recommande….