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  • Adults in the Room, Varoufakis le visionnaire d'une UE malade, dans un film un peu trop conventionnel

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    Adults in the Room, est de mon point de vue, assez fidèle à l’Histoire grecque, vue par Varoufakis, avec ses anecdotes croustillantes (Junker et la cravate, il manque les italiens, qui avaient offerts, lors du premier entretien avec Tsipras/Varoufakis, deux cravates mode italienne de luxe). J’avais suivi à l’époque à travers la presse allemande, grecque et anglaise, cette descente aux enfers cauchemardesque, me sentant vite séduit par Varoufakis, brillant universitaire à la carrière internationale, maitrisant parfaitement l’anglais et un peu le français, qui m’a vite semblé très honnête intellectuellement, contrairement à l’image de lui véhiculée en France, par une pauvreté des articles de presse parus ici à l’époque. Il faut dire qu’il n’a jamais fait beaucoup de cadeaux à la France, qu’il tient quasiment pour responsable de la crise européenne, avec de nombreux arguments pertinents (j’ai lu tous ses livres). Mais revenons au film.

    Ma première impression, compte tenu de ce que le public moyen doit savoir de la crise grecque, c’est que Gavras ne fait pas beaucoup d’efforts pour expliquer ce qui s’est passé avant l’arrivée de Syriza au pouvoir. Il rentre trop vite, selon moi, dans le vif du sujet, et je crains que le spectateur décroche, entre le MoU (Mémorendum of Understanding), l’Eurogroup, la Troika (alliance entre le FMI, la BCE et la Commission Européenne, qui 5 ans avant Syriza, était le véritable décideur en Grèce) et autres sigles. Idem pour le casting, tous ne sont pas très ressemblants (Lagarde, Moscovici entre autres) ou connus du grand public, comme Jeroen Dijsselbloem, Président de l’Eurogroup, personnage majeur dans l’histoire.

    Du coup, il manque de la matière pour saisir la finesse des jeux de pouvoir et de séduction (Lagarde semblait très sensible au charme de Yanis, ce qui n’est pas évident dans le film, et Wolgang Schauble, respectait le rôle joué par Varoufakis, en appréciant l’homme, tout en apparaissant quasi aussi dur qu’un « nazi », avec ces gauchistes de Syriza). Car tout est là dans ce wargame : l’Allemagne et sa rigueur, à l’époque à son apogée politiquement, tirée par Schauble, freinée par une Merkel blessée par la violence des grecs (et des europens) envers les germaniques, la France affaiblie par ses résultats économiques et son passif d'erreurs et d'arrogance, avec la trahison de certains de ses politiques (Hollande, Sapin et à l’UE, Pierre –Moscovici-, superbe d’impuissance et de double discours), les négociations qui doivent se faire en interne de Syriza et qui énervent tout le monde à l’UE, la task force montée par Varoufakis pour l’assister et réfléchir à une monnaie numérique, coachée par Kim Glenn, étrange gourou qui s’est avéré suivre plusieurs lièvres, sans oublier Danae Stratou, compagne de Varoufakis, une plasticienne de renommée internationale, qui faisait que le couple avait un style de vie aisé non compris par le peuple grec.

    J’ajoute, que la musique de Desplat, me semble très inadaptée au propos, renforçant l’idée que la Grèce est un pays de danseurs de sirtaki, des gens peu sérieux et peu modernes, à qui on ne pouvait pas faire confiance.

    Malgré tout, je crois qu’il ressort du film, le côté très politique de Tsipras, qui par peur probablement, a trahi son peuple (les scènes évoquant cela sont un peu ringardes), les décisisions prises en vase clos par une minorité dans la minorité, et la finesse du personnage Varoufakis, qui a vite compris qui était important ou pas dans ce manège infernal, avec son côté visionnaire. Je pense d’ailleurs que Varoufakis, très suivi par l’intelligentsia internationale, en particulier en GB et George Osborne, ex Ministre des Finances, a eu un effet de révélateur qu’il ne mesure peut être pas lui-même, il a montré à tous, que cette Europe était une mascarade.
    Car personne n’a tout à fait raison ou tout à fait tort, chacun défend ses valeurs, sa culture, ses bons résultats économiques ou pas, son système de retraite ou de santé ou son austérité, ses comptes de père de famille, voire des mentalités et des manières d’être assez éloignées les unes des autres, soit la mise en évidence d’une Europe sans identité ni cohésion.

    Contrairement probablement à ce qu’il souhaitait, Varoufakis , a fait prendre conscience à chaque Etat membre, des incompatibilités majeures et a préparé le Brexit dans les esprits…et peut être d’autres à venir.