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  • "Fermer les yeux", une admirable balade dans la mémoire et l'histoire du cinéma

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    "Fermer les yeux' (Close your Eyes) est un film, qui a failli être  présenté en Hors compétition au « Carnaval de Cannes », sorti sur nos écrans le 16 aout, le réalisateur espagnol de 83 ans, Victor Erice, n'ayant pas apprécié les manières peu respectueuses de Thierry Frémeaux dans sa manière de traiter les auteurs, pour la sélection.

    Fermer les yeux est une longue balade existentielle de 2 heures cinquante sur la puissance de la mémoire dans l'amour et l'amitié (les sentiments les plus forts ne meurent jamais), transcendée par la nostalgie du cinéma d'art et d'essai sur pellicule.

    L'histoire commence en 1947, par le tournage d'un film dans le film « la mirada del adios ». Dans une mystérieuse maison, le maitre des lieux, sorte de vieux sage, sentant la mort proche, assisté par un serviteur chinois très dévoué, convoque l'étrange Garay, pour le charger d'une mission délicate, retrouver sa fille enlevée par la mère avec qui il est séparé, à Shangaï. Mais  "la mirada del adios" n'ira pas à son terme et ne sortira jamais en salle, car l'acteur chargé de jouer Garay va disparaître mystérieusement à son tour.

    Le réalisateur du film va se lancer dans une enquête pour retrouver Garay, qui nous promènera dans une multitude de références cinématographiques aux films qui ont construits le vrai réalisateur Victor Erice, des Frères Lumières à Dreyer, Méliès Buñuel, Bresson, Murnau, Lubitsch, Nicolas Ray, etc ...sans oublier un clin d'œil à Carlos Gardel.

    Dans cette quête identitaire, où l'art sert de révélateur, dont la fin m'a fait songer à Cinéma Paradiso, c'est toute la question du mystère de la conscience, et de sa transcendance qui nous interroge, avec un procédé astucieux, où nous sommes nous mêmes confrontés à nous souvenir de nos classiques du cinéma, par des sortes de madeleines de Proust, qui apparaissent ici ou lâ, dans une statue, une pièce d'échec, un vieux livre, une photo, un plan....où chacun est confronté à la puissance de son imaginaire et de son interprétation.

    Admirable construction, qui laisse rêveur, au sens positif du terme qui nous rappelle que le cinéma d'auteur, malgré les dérives commerciales et le succès éléphantesque des blockbusters, peut être encore bien vivant....