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Blog - Page 272

  • Corbu et l'incommunicabité de classe

     

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    Charles-Edouard Jeannneret-Gris, plus connu sous le nom de le Corbusier, est mort il va y avoir cinquante ans, d’une crise cardiaque en effectuant sa baignade quotidienne à Rocquebrune-Cap-Martin.

    De nombreuses expositions et des livres consacrent ce personnage hors du commun, pourtant contesté, parfois même haï,  mais généralement respecté pour l'étendue de son oeuvre, qui a marqué le XXème siècle.

     

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    Villa turque à la Chaux-de-Fonds (Suisse)

     Je viens de terminer le gros pavé que François Chaslin a publié sur Un Corbusier, architecte que le journaliste connait bien, vu qu’il a été rédacteur en chef d‘ « Architecture d’aujourd’hui » ( la revue spécialisée créée en 1930, qui a beaucoup évoqué le modernisme cher à Corbu dans son histoire), puis réalisant des enquêtes pour le Monde sur les Cités Radieuses dans les années 80.

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    Cite Radieuse de Briey en 2009 (Lorraine)

     Le bouquin que j’ai déjà évoqué est souvent confus (ce n’est pas une biographie), effectuant des focus souvent très pointus et très (trop ?) détaillés, sur des étapes de la vie du Maître, comme ses relations complexes avec Vichy et la pensée dominante de droite de la fin des années 30, puis décortiquant longuement en seconde partie de l’ouvrage le travail de recherche de normalisation et de production d’unités d’habitation, autour des cités Radieuses (Marseille, Rézé près de Nantes, Firminy en Rhône alpes Auvergne, Briey en Lorraine et une en Allemagne), leur évolution  et les retours d’expérience, pas toujours très glorieux, tant sur le plan de l’entretien (en particulier à Firminy et Briey, une catastrophe sur le plan financier), que de l’aménagement souvent très discutable et de ce que cela a laissé comme emprunte et comme trace dans l’évolution de nos villes et nos banlieues après la Reconstruction des années 40 (ajoutons quand même que la première, celle de Marseille a toujours semblé bénéficier d'une meilleure image).

    architecture,livres,livreCité Radieuse de Briey

    Pas toujours facile en particulier de  vivre dans ces immeubles collectifs, surtout adulés par une clientèle qu’on dirait aujourd’hui bobo en quête d’originalité (qui possédait souvent une résidence secondaire) ou marginale type post hippie anarchiste ou très engagée à gauche.
     Les cités furent davantage décriés par des familles ouvrières et plus modestes à qui elles étaient plutôt destinées, qui avaient du mal à cohabiter dans ces cellules dites standards qui évoquaient quand même beaucoup un univers concentrationnaire, avec pour les dernières construites, des ascenseurs en panne, des couloirs qui sentent l’urine et des cuisines sans air. On soulignera comme le fait François Chaslin que bien sûr Corbu, comme la plupart des architectes qui ont travaillé à l’urbanisation des villes détruites par la guerre, n’a jamais vécu dans ce genre de grand ensemble sur lequel il savait tellement bien argumenter (son atelier rue Nungesser et Coli à Paris n'a rien d'un grand ensemble)…

     

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    Villa Savoye à Poissy (Région parisienne)

     

    Moins contestées furent les villas que Le Corbusier réalisât pour une clientèle aisée que Chaslin n’aborde pas. Personnellement, je suis plus touché par Alvar Aalto en Finlande, plus visionnaire que le suisse sur le plan de l’intégration de l’habitat à la nature, (contemporain de Le Corbusier) et moins porté sur le béton et le "brutalisme" un peu sauvage (austérité protestante liée à son enfance ?). Il me semble que Jeanneret  fut plus brillant en tant qu’agitateur d’idées et comme concepteur pour des gens proches de son univers et de son style de pensée, qu’en tant que bâtisseur pour les classes les plus défavorisées (on reboucle avec un certain élitisme de classe et sur la face sombre du personnage décrite par Chaslin au début de son livre). Au fond, peut-on vraiment mettre son intelligence au service des plus démunis, comme nous y pousserait la religion chrétienne ?

     

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     En tous cas, si vous le pouvez ,visitez les Cités radieuses ou les villas du « fada » comme on le surnommait à Marseille, il y a en a un peu partout en France, en Suisse (à la Chaux-de-Fonds près de Neuchâtel, où il est né) et un peu à l’étranger…mais attention, les visites se planifient à l’avance car les groupes sont souvent complets, en particulier cette année, où les médias consacrent au bonhomme des articles.

     

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    Toutes les photos ont été réalisées par l'auteur de ce billet, entre 2006 et 2013