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Blog - Page 279

  • Panthéon, cimetière des légendes

     Journée de panthéonisation...ah, la Guerre, elle n'a pas fini de livrer tous ses secrets, tous ses méandres, toutes ses contradictions...j'ai commencé la lecture d'un énorme pavé de François Chaslin, ex chroniqueur d'une émission sur l'architecture à France Culture, consacré à Le Corbusier.

     Le livre commence et se termine avec des citations à méditer, que je reproduis ci-dessous :

     « La mémoire des hommes est un vaudeville ou un cimetière éclairé à l'électricité. Je ne touche jamais aux légendes. C'est la forme sous laquelle les génies (et les Dieux) communient avec l'humanité » - Frédéric Sauser -

     « La vie d'un homme ressemble à une fiction qu'il invente en chemin » - Malcom Lowry -

     Mais revenons en à Un Corbusier, puisque c'est le titre du bouquin, qui n'est pas une biographie, mais plutôt une suite de fragments, d'anecdotes, de lettres, qui forment un portrait pas toujours très flatteur de l'architecte considéré par le plus grand nombre comme l'un des plus grands maitres de son domaine.

     Le premier tiers du bouquin s'attache en effet à montrer que Corbu fut un opportuniste malin, très attiré avant et pendant la Guerre par les belles théories intellectuelles allemandes et proches de la Révolution Nationale...l'auteur fournit de nombreuses preuves d'alliances et d'amitiés entre l'architecte et des personnages mouillés dans la Collaboration, et son attirance pour des théories douteuses comme celles du Docteur Alexis Carrel (l'eugénisme « remplacer les classes sociales par des classes biologiques »). Chaslin nous montre que rien n'est hasard chez le maitre d'origine suisse, comme l'emploi du blanc (la pureté), du clair (le propre), et que les projets d'urbanisme mêlant ensembles et espaces verts, avaient surtout pour but de lutter contre la saleté, la manque d'hygiène du peuple et pour peut être mieux le surveiller...on retrouve souvent des analogies avec des inspirations IIIème Reich...mais l'homme était prudent, ce qui comptait surtout pour lui, c'était de faire et d'imposer ses idées, et y compris pendant la guerre, le Corbusier avait su se ménager des relations qui lui ont permis de s'en sortir les mains propres et de rebondir pour faire la brillante carrière qu'on connait...

     Rien n'est simple...car qui peut nier que le Corbusier, comme Alexis Carrel (dans le domaine de la chirurgie cardiaque) ont apporté de grandes réflexions à l'humanité...