Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Blog - Page 56

  • Les subalternes peuvent-ils (elles) parler ?

    196854.jpg

    Je m’intéresse depuis quelques temps aux Subaltern’s studies (initiés par des groupes de chercheurs indiens, sud asiatiques, post-colonialistes et par extension, des études sur tous les taiseux qui n’ont pas la parole sur la scène publique).
     

    Avec le vaccin (ou le confinement), on est typiquement dans ce cas de figure. On a d’un côté le Pouvoir Médical, qui raisonne en termes de Bénéfices/Risques et pour qui, le vaccin fonctionne statistiquement à plus de 99 %, sachant que les avantages par rapport à une épidémie, l’emportent largement sur les inconvénients. Pour les sociologues, les médecins sont des élites, en terme de lifestyle et de niveau de responsabilités, qui croient majoritairement à ce qu'ils nomment l'idéologie thérapeutique (priorité donnée à un traitement ou un acte chirurgical, même si  la chance est minime, pour sauver quelqu'un, ce qui est contraire au principe de précaution. Cette "idéologie" explique en partie l'opposition à l'euthanasie).
     

    Sauf que, 1 % ou même 1 pour mille ou 10 000 d'accident, ce n’est pas zéro…Les soignants, qui sont aux côtés des malades, connaissent bien ces effets indésirables des médicaments, des radiothérapies ou des chimiothérapies ; ils sont 2/3 à refuser pour l’instant, de se faire vacciner

    Par ailleurs, dans le cas du vaccin, une étude anglaise vient de révéler que de gros stress diminuaient considérablement l’efficacité du vaccin.
     

    C’est donc l’Intuition de celui qui ne sait pas, mais qui va « subir » le traitement, contre la Raison du plus instruit, qui va « injecter le jab, la dose »…Par ailleurs, les Subaltern’studies t’enseignent que le langage n’est pas neutre…Gayatri Spivak, comme Dipesh Chakrabarty ont beaucoup travaillé sur les traductions des dialectes anciens du Bengale, par les Anglais, qui ont transformés en profondeur le sens des textes d’origine, allant parfois à l’opposé de la signification d’un rite ou d’une coutume. Ces chercheurs ont aussi repris des études sur la Société Française, après la Révolution de 1789, qui était constituée de 80 % de paysans, qui n’avaient pas la parole, qui ne comprenaient pas le langage des politiques instruits généralement citadins, dans lequel ils ne se retrouvaient pas, et qui plus tard, se sont sentis compris par Napoléon, qui utilisait la « langue de la Terre », leur langue, et qui donc, semblait les comprendre (voir le code Napoléon sur la propriété) plus que les « Révolutionnaires intellos issus de 1789 ». Plus tard, quand l’Empereur les a envoyés, eux ou leurs fils, dans ses guerres meurtrières, ils ont déchanté, mais il était trop tard.
     

    Quoi de plus Dominant et hermétique, que le Langage Médical ?

    Or, notre société est un peu comme la société française au début du XIX ème siècle, elle ne parle pas le langage des élites et des docteurs (même s’ils sont de gauche, ou s’ils sont censés soigner)…Et Macron, homme de pouvoir, est un peu comme Napoléon, il veut écouter le Peuple pour rester en place  (c’est bon pour lui)…

    Les subalternes auront-ils la parole ? Réponse sur les réseaux sociaux et sur les chaînes d’infos.

    Ci-dessous analyse de Karl Marx sur le 18 Brumaire (1799) - Image : Tableau "18 Brumaire" par François Bouchot (Château de Versailles)

     

    "Les paysans parcellaires constituent une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques. Cet isolement est encore aggravé par le mauvais état des moyens de communication en France et par la pauvreté des paysans. Leur terrain de production, la parcelle, ne permet, dans la culture, aucune division du travail, aucune utilisation des méthodes scientifiques, par conséquent, aucune diversité du développement, aucune diversité de talents,aucune richesse de rapports sociaux. Chacune des familles paysannes se suffit presque complètement à elle-même, produit directement elle-même la plus grande partie de ce qu’elle consomme et se procure ainsi ses moyens de subsistance bien plus par un échange avec la nature que par un commerce avec la société. La parcelle, le paysan et sa famille ; à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Quelques dizaines de ces familles forment un village et quelques dizaines de villages un département.

    "Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près de la même façon q’un sac rempli de pommes de terre forme un sac de pommes de terre. Dans la mesure où des millions de familles paysannes vivent dans des conditions économiques d’existence qui séparent leur mode de vie, leurs intérêts et leur formation de ceux des autres classes et les font se confronter à ces dernières en ennemies, elles constituent une classe. Mais elles ne constituent pas une classe dans la mesure où il n’existe entre les paysans parcellaires qu’un lien local et où la similitude de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communauté, aucune liaison nationale ni aucune organisation politique. C’est pourquoi ils sont incapables de défendre leurs intérêts de classe en leur propre nom, soit par l’intermédiaire d’un Parlement, soit par l’intermédiaire d’une Convention. Ils ne peuvent se représenter eux-mêmes, ils doivent se faire représenter. Leurs représentants doivent en même temps leur apparaître comme leurs maîtres, comme une autorité supérieure, comme une puissance gouvernementale absolue,qui les protège contre les autres classes et leur envoie d’en haut la pluie et le beau temps. L’influence politique des paysans parcellaires trouve, par conséquent, son ultime expression dans la subordination de la société au pouvoir exécutif."

    (Karl Marx, Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte, traduction revue par Gérard Cornillet, Messidor/Éditions sociales, 1984, extrait du chapitre VII, pages 188 et 189.)