Le paysage de la diffusion cinématographique aborde une révolution qui risque de creuser un fossé toujours plus important entre Entertainment et Art et Essai.

Quelques chiffres :

-          Chaque semaine, 5 à 6 « blockbusters » occupent 4/5 des écrans disponibles. On est dans un forme de divertissement qui a certes, sa place, avec une diffusion pour plus de la moitié des salles en multiplexes qui offrent à voir et à manger, réalisant une part non négligeable de leur C.A. avec  des produits dérivés : pop corn, boissons, gadgets, etc…

-          A l’autre extrémité, plus de 200 films par an attirent au total environ 1 % de la fréquentation totale. On peut s'en indigner,  imaginer des mesures, des quotas ou je ne sais quoi, à mon avis, on obligera jamais le public à voir des films plutôt que d’autres. Par contre, on peut déplorer le fait que de nombreux films ne trouvent pas leur place dans cette jungle et deviennent de plus en plus difficiles à voir (horaires et salles) ou même ne sont pas  distribués.

Par ailleurs, une révolution de la diffusion est en marche :

Cette révolution, c’est d’une part le numérique avec la multiplication des possibilités de diffusion (VOD, DVD) avec mesure majeure, le passage des salles du projecteur classique au projecteur numérique avec film fichier (en non copie pellicule), et d’autre part, la 3D qui pointe son nez.

Déjà, les plus grandes salles imaginent d’élargir leur offre avec le Hors-film (retransmission sur grand écran d’opéras, de concerts, d’événements sportifs voire même de jeux interactifs). Les salles de cinéma à la papa style ciné paradisio ne seront bientôt  qu’un vague souvenir.

Alors comment l’art et l’essai va-t-il survivre ?

Je suis personnellement convaincu qu’il y a une place pour de petites projections (10 à 30 personnes), publiques et  que le besoin de partager collectivement une œuvre existe encore. Il faut donc repenser la diffusion, rien n’est plus terrible (sans parler du bide économique) que d’être à 3 dans une salle de 300 places. Je pense aussi  à une offre élargie avec la rencontre du réalisateur.

C’est pourquoi j’ai décidé de m’engager dans cette voie, en mettant au point un projet avec une Maison de la culture et une association de cinéastes indépendants. Ah, les choses ne sont pas simples de deux côtés… il faut prouver qu’une rentabilité minimum est possible et il faut amener les cinéastes à accepter que leur film soit vu avec un système de diffusion un peu dégradé (DVD avec vidéoprojecteur)…mais l’expérience vaut d’être tentée, je vous tiendrai au courant.