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PS, Aubry, Hollande, France, UMP, Sarkozy - Page 283

  • Quand le langage ne peut plus rien..

    « Exigence »…tel était le titre d’une série de films que j’avais réalisée pour le syndicat patronal de la métallurgie, il y a une vingtaine d’années…ces documents, d’une dizaine de minutes chacun, étaient destinés à introduire des séminaires pour dirigeants français de PME et de grandes entreprises. Déjà à cette époque, le syndicat, proche du CNPF, faisait un triste constat :  la majorité des  relations entre décideurs et salariés étaient des rapports de force, les patrons accordant selon leur analyse, une trop grande importance à la rentabilité et au seul profit, négligeant  beaucoup trop la qualité et la valorisation du travail bien fait…avec la crise, je doute que la chose se soit améliorée, bien au contraire, même si des ex CFDT, entre autres, comme Notat au sein de sa Fondation Condorcet, se battent  toujours pour changer les modes de management.

    Dans ces vidéos, mon équipe et moi-même, avions interviewé des moines à l’abbaye de la Pierre qui Vire, qui s'adonnaient pour leur maison d’édition de l’époque "Zodiaque", à la fabrication de livres d’art religieux. Ils évoquaient l’amour du métier, le souci du détail,  la nécessaire exigence de bout en bout de la chaîne de fabrication,  de la photographie des monuments avec "la bonne lumière", à la reliure, en passant par le soin apporté à la vente. D'autres séquences donnaient la parole à un entrepreneur, ex Boulle, spécialiste du design de meubles réalisé à la demande, et à des compagnons charpentiers commentant leur long apprentissage. The Cold Song, interprété par Klaus Nomi, ajoutait de la grâce à des images assez léchées d'abbaye, de bois et de leurs outils d'ateliers , apportant de la respiration au document.

    Les séminaires n’ont eu aucun succès, même si mon contrat a été honoré et si le film avait été jugé remarquablement répondre au cahier des charges, par le comité de pilotage du projet. Dès le premier stage animé par l’UIMM, il y a eu une levée de boucliers des patrons stagiaires. Les lots de cassettes ont vite fini à la poubelle : trop intello, aux accents bien trop francs-maçons (je n’en suis pas un, mes commanditaires l’étaient peut être), moralisateur, irréaliste,  et j’en passe des biens plus cinglantes…  

    Le langage ne peut rien,  aurait pu dire Godard, qui vient de se faire descendre en flamme par le petit monde médiatico-politique pour avoir osé dire qu’on n’avait qu’à laisser Marine Le Pen venir au pouvoir, si telle était la décision du peuple, précisant qu'il faut le mal pour faire sortir le bien…j’ai ré écouté intégralement l’interview du vieux cinéaste, il faut être tordu, comme  BFM ou Libération (que JLG dit dans ce même extrait, être le seul journal qu'il lit avec Charlie Hebdo), pour faire passer le réalisateur pour un partisan de la grande blonde, ou un artiste provocateur, toujours un peu à l'ouest (il mérite largement autant d'égards qu'un grand nombre d'intermittents -en grève- qui "pensent" faire de la culture)...  car, au fond, je suis d’accord avec le vieux loup de Rolle, la démocratie, s’il le faut, c’est de laisser venir le pire, surtout quand on ne cesse de répéter que le peuple est souverain…tant pis si la France se vautre , si tel est le désir de la majorité… "il faudrait apprendre à voir avant d'apprendre à lire" disait le vieux Maître dans son précédent film socialisme, un peu visionnaire, tourné en partie sur le Concordia....socialisme et Concordia se sont bien échoués...
    J’ai travaillé assez longtemps sur la conduite du changement et sur la communication, je dois avouer que, j’en ai conclu en fin de carrière, avec désespoir et aigreur,  que les groupes, quels qu’ils soient,
     ne changeaient véritablement que sous la contrainte et dans le chaos…. les mots, les engagements, les explications, ne sont qu'un fétu de paille face à un train qui s'emballe, que ce soient des patrons convaincus de leur vérité ou des citoyens revenus de tout.