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Politique - Page 71

  • Le pacte de responsabilité

     Les français approuvent aux ¾ le pacte de responsabilité évoqué par Hollande lors de ses vœux, même si la droite demeure méfiante (elle se méfie à juste titre du peuple de gauche), et puis, prudence, si le Gouvernement Ayrault introduit un temps partiel minimum de 24 heures, c’est encore un grand coup de pied dans l’emploi…comme d’hab, un pas en avant, un pas en arrière…

      Hollande vante l’entreprise et s’en prend à l’Etat, trop gros, trop cher, pas assez compétitif…enfin, concrètement, on attend de voir…c’est drôle, on dirait Mitterrand en 1983, quand il a pris conscience qu’il fallait que l’Etat s’inspire davantage du privé et inversement, que l’entreprise se moralise. Sauf que dans les faits, les écarts se sont accrus entre privé et public. Je ne sais pas si c’est un hasard, mais une autre éminence, Laurence Fontaine, directrice de recherche au CNRS, vient de publier un livre qui a pour but de revaloriser la notion de marché : « ferment de démocratie » entendue comme « le système politique qui permet à chacun de participer à la vie publique, qui reconnaît chaque individualité et qui a finalement pour but d'aider chaque individu à être acteur de sa vie »…comme c’est beau…le problème, c’est que cette même super grosse tête continue de penser qu’il faut moraliser, qu’il faut en finir avec les dérives inégalitaires qui punissent davantage les « biffins (sic) » que les nantis. C’est le risque du libéralisme et le parfait est illusoire. On n’empêchera jamais dans un pays de liberté, de voir des loups de Wall Street, user de la crédulité des plus faibles ou de leur désespoir…Berger n’est pas un loup, mais il reconnait lui-même qu’il n’a pas été un tendre dans ses affaires, et même si je suis loin d’être d’accord avec lui, j’ai beaucoup de respect pour ce qu’il a fait…si on avait un peu plus de profils à la Berger et un peu moins de clones de Mélanchon, on se porterait surement mieux, et quand le pouvoir de quelqu’un est malhonnête, il faut, comme aux US, que la justice fasse son travail, sans chercher à légiférer dans tous les sens, qui font que cette même justice en France, y perd son latin…

    L’entreprise est une belle aventure humaine, peut être l’une des plus belles, car elle pousse les créateurs à aller au bout d’eux même, à oser des initiatives, à « vivre en groupe », elle oblige à des remises en question, des changements de cap rapide, etc…par contre, il faut cesser de rêver d’entreprise égalitaire ou autogérée, comme la gauche le fait encore avec les SCOP , qui doivent rester une pratique marginale…je me souviens à l’époque où j’ai monté ma boite et où, bourré d’illusions, je voulais mettre en place un système plus participatif, avoir visité une entreprise d’infographie auto gérée par des membres de la LCR…le dirigeant était élu chaque année démocratiquement par les salariés qui étaient tous actionnaires : c’était finalement toujours sur le même que cela retombait, un homme, parce qu’il avait plus de temps que les femmes et parce qu’il était un excellent vendeur et que c’est lui qui ramenait les contrats. Il y a des distinctions naturelles et conjoncturelles, il faut l’admettre point. Quant à l’égalité des salaires que j’ai pratiqué à deux reprises dans ma vie, elle trouve vite ses limites, quand les uns prennent de l’expérience et qu’il faut embaucher des jeunes, quand certains veulent travailler à temps partiel ou veulent avoir du temps pour faire des études ou inversement, quand on veut recruter un expert, et puis, à partir d’une certaine taille, la motivation des uns et des autres n’est plus la même, l’égalité devient…inégalitaire… on a à grandir, il me semble qu’on pense toujours comme dans les années 80, j’ai souvent l’impression que dans ce pays, le temps s’est arrêté à la mort de Tonton …d’abord, parce que le monde change très vite et qu’il serait plus que temps de prendre en compte la transition écologique et la révolution numérique, qui bouleversent la distribution, le commerce, le rapport à la consommation…
    Quant à l’administration, là où on multiplie toujours les compteurs d’absence (en heure, en demi journée, en jour, fractionnée, pour congés, maladie, carence, accident de travail, accident de trajet, mère de famille,  enfant malade, conjoint maladie, récupération, réunion syndicale, formation, formation syndicale, CHSCT, mission occasionnelle,  événement familial : mariage, naissance, décès, etc…, médecine du travail, démarche administrative, congé sans solde, grève, etc…), on pourrait s’inspirer des entreprises américaines qui laissent à leurs salariés la possibilité de s’arrêter autant qu’ils veulent…j’étais dans une boite de consulting, où on pratiquait quasiment la chose, on constate que les gens hésitent à partir en vacances, à prendre une heure  ou à se mettre en maladie, craignant d’être marginalisé ou rejeté par le groupe  et puis, si les gens sont payés au résultat, curieusement, il faut souvent les obliger à partir en vacances….mais bon, on n’en n’est pas encore là…il y en encore de la marge…dans dix ans, quand le pays sera à genoux, peut être….car il suffit d’écouter les TS, les médicaux qui font du domicile, pour saisir la réalité d’une France, qui se porte mal, très mal…et Hollande ne changera pas les mentalités en claquant dans les doigts ou par des contorsions, dont il est un grand spécialiste…