La culture religieuse est incontestablement plus forte en Allemagne qu’en France. A Hambourg, où est né et où est mort Helmut Schmidt, on s’apprête à célébrer comme chaque 11 novembre la Saint Martin.
Dans le quartier de Barmbeck, resté très lié à l’histoire de Bugenhagen, cet important réformateur protestant ayant œuvré dans la ville et la région du nord de l’Allemagne, se maintient toujours la tradition, les enfants participent à une retraite aux flambeaux pour se souvenir de ce Martin de Tours, qui a partagé son manteau avec les plus pauvres.
Le lien avec les réfugiés, nombreux à arriver dans la capitale hanséatique, est évident et Die Zeit, le quotidien de gauche libérale, édition de Hambourg, où Helmut Schmidt fut Directeur de publication jusqu’à sa mort, pose la question de la générosité qui devra se maintenir dans le temps, alors qu’on attend 40 000 nouveaux demandeurs d’asile l’année prochaine.
Jusqu’où serons nous aussi accueillants, s’inquiète le journal, un peu comme un message de l’ancien Chancelier, une sorte de grand père que beaucoup d’allemands considéraient comme un prophète.
Très dur envers lui-même, jusqu’à en paraitre effrayant, il avait la passion de la démocratie, peut on lire dans les nombreux hommages qui lui sont consacrés. Il avait participé à rendre l’Allemagne prospère, mais aussi compatissante et humaine. Il était un exemple d’homme d’Etat, une sorte de modèle contrairement à certains qui lui ont succédés, qui ont parfois profité de leur notoriété pour se faire beaucoup d’argent. Il fut au contraire rédacteur au Zeit, pour un salaire minable, et est mort dans la simplicité, lui qui avait perdu « Loki », son amour de jeunesse décédé en 2010.
Schmidt avait évoqué sa relation à la religion dans un livre "Außer Dienst". Elevé dans la tradition chrétienne, il s'était un peu éloigné des Eglises (le seul endroit où il ne fumait pas) vers la fin de sa vie, néanmoins, il resta marqué par une sorte de volonté morale et par les principes religieux. Du coup, certains lui reprochent sa politique un peu trop keynésienne (augmentation spectaculaire de la dette) et sa fascination pour les russes et les chinois...il est jugé plus pragmatique que visionnaire et bien moins charismatique que Willy Brandt.
Il restera globalement quand même l’image de cet homme passionné, hanté par le nazisme et l’empreinte que cela a laissé sur son pays, un pays qui doit maintenant faire face à un nouveau grand défi de l’Histoire, celui du partage avec les migrants…