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europe

  • Il prêche l'amour, elle se dit ouverte à ceux qui sont en paix à sa porte

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    « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi!”

    C’est le pasteur allemand Sven Petry qui rappelait devant des journalistes de Die Zeit il y a deux mois, cet extrait de l’évangile selon Saint Matthieu, visiblement un peu gêné par les activités de son ancienne épouse, Frauke Petry, dirigeante du Parti AFD (Alternative pour l’Allemagne), avec qui il partage quatre enfants et avec qui il est séparé depuis quelques mois, tout en gardant des contacts amicaux avec elle.

    Frauke Petry, est une jeune femme de 40 ans, née à Dresde à l’époque de la RDA, chef d’entreprise et brillante chimiste (doctorat en 2004, Ordre du Mérite en 2012), bref elle a quelques points communs avec Angela Merkel.

    En France, on la compare à Marine Le Pen, ce qu’elle déteste et quelque part, elle a surement un peu raison, elle est plutôt plus proche de Marion. Elle est de droite, d’une droite dure, après avoir hésité à rejoindre la CDU de la Chancelière et défend une certaine forme de fondamentalisme protestant et les valeurs nationalistes allemandes.

    L’AFD a été fondé en 2013, par Bernd Lucke, un économiste, professeur d’université et chercheur pour lutter contre la dégradation de l’euro, le rapprochement idéologique dangereux selon lui, avec les pays latins en déficit, et pour se battre contre la coalition du CDU avec les socialistes. Lucke a quitté le parti il y a six mois pour refonder un autre parti anti euro, ALFA, quand Frauke Petry a été élue à la tête du Parti. Il était alors secondé par Hans Olaf Henkel, ex Président d’IBM Europe, présent dans de nombreux conseils d’administration, député européen, engagé pour la défense des Droits de l’Homme à Amnesty International, qui a également quitté AFD.

    Le Spiegel rapporte cette semaine, qu’ AFD (qui fédère surtout maintenant des jeunes hommes sans emploi en ex RDA, remplaçant les profs d'universités, son ancien électorat,  par des précaires), est probablement en train de mieux contrôler sa communication, ayant été beaucoup associé à un parti populiste par la presse internationale suite à ses bons résultats aux dernières élections régionales. Il faut quand même noter des débordements assez condamnables de membres du Parti, genre menaces de mort, lettres anonymes, chantage envers différents leaders politiques de droite ou anciens patrons de l’AFD, des méthodes assez proches de ce que la STASI utilisait dans sa belle époque, sans oublier des slogans plus que crades et hyper racistes, scandés dans des manifestations.

    Frauke Petry voudrait faire un référendum sur l'euro, et elle tente d’expliquer qu’elle n’est pas contre les réfugiés, au contraire, mais qu’elle combat les entrées illégales sur le territoire (elle a dit en public qu’il fallait tirer si nécessaire sur ceux qui voulaient forcer les frontières), elle est contre le port public du voile (tout en étant favorable au foulard) et combat toute prise de contrôle de la politique par la religion. Elle se sent comme missionnée pour défendre les valeurs fondatrices du pays de « l’invasion musulmane », un peu comme Trump, d’après son ex mari, qui a quand même du mal à comprendre et à justifier ses positions, comme le gel des embauches pour les immigrés.

    On rappellera également que l’AFD est contre toute forme de socialisme, combattant en général toutes formes d’aides financières vues comme des mesures d’assistanat.

    Il ne s’agit pas dans ce texte de défendre quoi que soit, mais d’éviter les amalgames un peu rapides et les simplifications journalistiques, aux arrières pensées pas toujours très claires, en particulier en France, où on a tendance à associer des mouvements pas souvent comparables, ne serait-ce que pour des raisons culturelles et historiques.