Ah, la finance…un truc de gredin, d’égoïste…pourtant, la finance n’est rien d’autre que la concrétisation de la confiance entre deux parties, c’est très humain, la finance…si quelqu’un est en difficulté et que tu as pleinement confiance, tu va lui prêter de l’argent, peut être même que tu lui feras cadeau des intérêts…maintenant, si c’est un inconnu qui te sollicite, quelqu’un qui traine une réputation pas très clean, tu vas rechigner ou t’engager en prenant des garanties, avec des intérêts forts pour te payer vite, au cas où le type ne rembourserait pas tout…
Peu avant de partir en retraite, un collègue africain que je connaissais peu, était venu me voir pour me proposer un marché : viens en Afrique, il y a le soleil tout le temps, mon pays t’offre une terre dans un endroit paradisiaque, toi tu paies nos ouvriers pour construire une très belle maison et tu emploies des domestiques à ton service…pas cher, tu verras, tu vas vivre comme un roi, on a besoin de gens comme toi pour faire travailler nos gars…je le sentais pas, avec l’Etat qui reste propriétaire du terrain ? Problème de confiance et de culture, sans parler du projet lui-même qui n’était pas le mien…
En Grèce, on sent bien que Varoufakis est un dur, qu’il a réfléchi et bourlingué, un type qui connait bien son boulot et qui est loin d’être à court d’arguments et de propositions (jusqu’à imaginer la mise en place éventuelle de bitcoins, cette monnaie virtuelle, pour les achats courants) et que la marge de manœuvre de Tsipras est plus que casse gueule (lire son confus discours, pas très rassurant pour un investisseur, sur le site de Syriza France …
Sur son blog, Mélenchon nous explique que ce qui se passe là bas, c’est un jeu de dupes, que tout cela est de la faute des allemands, d’odieux dominateurs qui font du chantage : tu réformes comme on veut ou on te coupe les vivres…sauf que le Bild, journal populaire, populiste et graveleux, avec ses gros sabots, ne cesse tous les jours de dénoncer les excès des grecs, leur blabla et leur côté club med (problème de non confiance, pas de valeurs communes, même si ça fait hurler l’extrême gauche)…
On sait que l’économie allemande qui a les résultats qu’on connait, l’a fait à grands coups d’austérité, mais que cette austérité a aussi plombé le reste de l’Europe, comme l’explique très bien la Tribune (voir commentaires ci-dessous)…on retrouve les vieux conflits historiques entre l’austérité protestante et sa rigueur maladive (Calvin était en son temps, aussi tyrannique avec ses adversaires que les fondamentalistes musulmans d’aujourd’hui) et l’optimisme flamboyant un peu irréaliste à la Rubens de la culture catholique, avec une bonne dose de spiritualité à l'orthodoxe…on sent bien là aussi qu’on est dans l’humain, jusqu’ au cou…
Alors ? Ben alors, on verra ben…mais on ne peut pas dire que la finance, ce n’est pas de l’humain…