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L'angiographie

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Dans l’ascenseur, ma mère dit à ses voisines, avec un air catastrophé,  qu’elle part à l’hôpital…je rectifie, nous allons en consultation ophtalmo à l’hôpital…ne paniquons pas toute la résidence….surtout que c'est le troisième spécialiste qu'elle va voir....pour voir....après tout, dit elle, c'est la collectivité qui paie....
Dans la salle d’attente, il y a beaucoup de monde…une cinquantaine de personnes….il y a toujours beaucoup de monde à l’hôpital….Madame Lucette Delmas, box 11….Monsieur Mohamed Sissé, box 23…un rapide calcul me permet de me préparer à me résigner…. on est là pour quelque temps….deux heures plus tard, on appelle ma mère au micro…je fuis…je fuis mettre de l’argent dans le parcmètre…je te retrouve ici…panique de ma mère….nouvelle trahison de son fils, doit elle penser….je reviens dix minutes plus tard, ma mère est à nouveau à sa place….ils m’ont mis des gouttes, faut attendre un quart d’heure….trois quart d’heures plus tard, la porte s’ouvre…Messieurs dames….je reste debout au fond de la salle d’examen …la jeune spécialiste analyse le dossier et les images réalisées dans une observation précédente…les images sont superbes, lance la jeune femme à la cantonade, comme si elle voulait rompre la glace d'un diner un peu coincé…….je me penche par-dessus son épaule….c’est une dégénérescence maculaire, me souffle la toubib….c’est du à la vieillesse, on ne peut rien faire….je vais vous examiner quand même, Madame….appuyez bien le front contre cet appareil…ma mère a des allures de folle…elle a l’air d’une petite fille….je revois mon enfance…. les crises d ‘angoisse des visites au docteur…. la névrose de ma mère que je percevais déjà, tout jeune, sans savoir, me revient ….des souvenirs sombres m’envahissent la tête…on va essayer de sauvegarder l’autre œil, je vais vous prescrire un traitement….le médecin me sort de mes douloureuses pensées  …on ne vous a jamais dit que vous souffriez de DMLA....non, jamais....gros mensonge.....on quitte le box….ma mère s’appuie sur moi, comme une enfant, sortant de l’école….puis elle se redresse et me dit avec un certaine condescendance….au fond, c’est comme d’habitude,  ils ne savent pas me soigner….

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