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Les français

La moitié des gens ont peur de ne pas gagner leur beefsteak, l’autre moitié de se le voir prendre : tous d’avoir à manger seuls. Bref, notre âge qui se croyait si sûr de lui, donnera sans doute à l’Histoire le spectacle d’un sauve-qui-peut général, fuite des gouvernements séniles, des sociétés timorées, des individus retombés en enfance devant les décisions et les responsabilités….

Au lieu de s’ouvrir au passage du fluide qui unit tous les vivants et à plus forte raison tous les hommes d’un même pays, les Français se sont jalousement fermés les uns aux autres et haineusement détournés de leur voisin ; il ne se passe pas de mois pour que toute la presse française, et derrière elle, tout le pays, ne voue à l’exécration l’une ou l’autre nation de l’univers. C’est ainsi que nous fabriquons ces toxines tantôt nationales et tantôt sociales qui nous rendent malheureux, donc méchants, méchants parce qu’inflexibles....
En règle générale et tout particulièrement chez les Anglo-saxons, il est préférable de ne pas commencer, dès l’arrivée en gare, par un discours et surtout par un discours brillant, car l ‘éclat du discours attire la gaffe  comme la hauteur de l’arbre attire la foudre ; s’il arrive que l’éclair ne tue pas , la gaffe tue toujours.

 

Extrait de « L’éloge du repos »  Paul Morand 1937

Paul Morand, né le 13 mars 1888 à Paris et mort le 23 juillet 1976 à Paris, est un écrivain, diplomate et académicien français. Considéré comme un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du siècle dernier. Sa proximité avec le régime de Vichy lui vaut une solide inimitié du général de Gaulle, protecteur de l'Académie, qui empêchera longtemps jusqu'en 1968, son entrée à l'Académie française, et que Morand, dans sa correspondance avec Jacques Chardonne (ami de F. Mitterand, écrivain de droite, accusé de collaboration sous Vichy et mort à la Frette en Val d'Oise), appelle avec mépris « Gaulle ».

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