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L’histoire des (vieilles) gauches

 

Un peu décevant, l’énorme livre, ouvrage de référence, de Jacques Julliard « Les gauches françaises », paru à la rentrée, censé raconter l’histoire de la gauche française jusqu’à nos jours. Certes, l’aspect historique n’est pas négligé, la généalogie de la gauche française remonte à la Révolution, évoquant longuement Rousseau, Robespierre, Danton, le Club des Jacobins, etc… et faisant une part belle à Jaurès, Blum. Sartre, Camus, Mendes, Mitterrand… Et c’est là que le propos devient inquiétant, car si la vision du journaliste historien Jacques Julliard (qui s’inspire d’autres intellectuels avant lui) est celle qu’on enseigne à Sciences Po et l’ENA, pas étonnant que nos politiques soient si éloignés des élus, car cette vision semble bien loin du peuple qui la compose, au moins depuis de nombreuses années, ne s’intéressant qu’aux grands ténors, penseurs, rapprochements et fusions d’une gauche essentiellement vue sur le plan purement idéologique. Pas un mot du brassage qui secoue la France depuis l’ère Mitterrand et qui fait que les attentes des uns et des autres sont probablement très éloignées de la pensée de Benjamin Constant ou de Sieyès, inconnus du grand public, ou simplement héritière d’une opposition entre catholiques, protestants et athées. On retrouve bien dans cette analyse le défaut de nos intellectuels : être très exhaustifs sur certains aspects très conceptuels en passant à côté d’énormes boulevards. La pensée de gauche semble s’élaborer dans les arrières cours d’un quadrilatère de la Rive gauche, passant par l’Assemblée Nationale, Matignon, le Sénat et Sciences Po. Ah, qu’il nous manque Bourdieu avec son regard décalé sur la sociologie des fonctionnaires, qui faisait frissonner les élites au Collège de France, alors qu’aujourd’hui un pale Rosanvallon, qui partage avec l’auteur surement beaucoup de travaux et d’idées, dirige la chaire d’histoire moderne et contemporaine au prestigieux collège (également Dr d’Etude à l’EHESS, comme Julliard). Le livre a toutefoiis le mérite de montrer qu'il n'existe pas une gauche, mais des gauches aux aspirations assez souvent contradictoires.
Mais pas un mot des musulmans, qui votent aussi en grand nombre à gauche et dont certains rêvent d’un capitalisme plus moralisé, out les juifs si marqués par la Shoah avec un œil en permanence fixé sur Israël, out tous ceux qui par leurs activités se déplacent partout en Europe et dans le monde et se sentent inspirés par la gauche anglo-saxonne, allemande ou scandinave…comme Cohn Bendit, qui habite Francfort et siège au Parlement Européen, dont Julliard tire une caricature, qui semble être restée figée en 68 à la Sorbonne. Out les femmes qui ont tant fait évoluer la gauche…c’est comme ci la gauche ne s’était construite qu’avec ses élus….le petit cercle des mâles intellos « chemise blanche col ouvert » a encore frappé. On l’aura compris, c’est une vision de journaliste franchouillard poussiéreux, rat de bibliothèque que nous offre Julliard, faisant de Marchais au passage un bouffon ridicule à la tête de communistes toujours en retard d’un métro…aie, aie, aie, si Hollande et sa bande sont trop marqués par cette éducation politique franco française, on n’est pas sorti de la crise …..

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