Ah, qu’il doit te paraître loin, le temps des copains, des réunions pépère autour d’un bon plat, avec Michel, Jean Marc et les autres, à préparer un communiqué anti sarkozy,
Ah, comme ils doivent te manquer les jours de marché à Tulle, à plaisanter avec une population complice, à picorer les spécialités de commerçants encourageants, dans une atmosphère bonne enfant, avec la Valérie beate d’admiration pour toi,
Comme il te manque ce temps de l’insouciance, des blagues échangées, toi qui aujourd’hui ne peux plus avoir confiance en personne,
Ah, comme cette année passée t’as semblé durer une éternité, avec ces matins où tout te parait lourd, en attaquant une journée dont tu te demandes bien comment tu vas t’en sortir, avec ces ministres qui t’observent en chien de faïence, avec ceux qui cherchent à te séduire pour garantir leur poste, ceux dont tu lis le mépris dans le regard, parce qu’il faudra justifier un patrimoine auprès d’électeurs de plus en plus agressifs et ceux qui t’évitent pour fuir une vilaine question,
Tu savais que ça allait être dur, mais tu n’imaginais pas un tel sacrifice, un tel acharnement de critiques venues du monde entier, où l’on te reproche tout et n’importe quoi, parce que te es THE responsable, Mister Président, avec une presse, prête à tout pour sauver ses ventes, qui précipite aujourd’hui ta descente aux enfers après t’avoir encensé des années durant,
Et la nuit, quand tu cherches le sommeil après des heures d’avion qui t’ont épuisé, quand la téléphone sonne parce qu’un militaire est mort au Mali, comment chasser de ton esprit ces images sombres qui te poursuivent…
Encore quatre ans, putain, il va falloir serrer les dents, pour l’Histoire, au risque d’être jugé, voire poussé à la honte et à la démission…ah, les salauds, s’ils savaient, eux qui ne supporteraient pas cette vie peut être plus de trente minutes…
Image : Acrylique 140 x 100 peint par l'auteur