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Une lueur d'espoir

 

On doit célébrer l’année prochaine le centenaire de la tragique guerre 14 et les émissions, les livres, les articles commencent à sortir sur ce sujet…en remettant en cause les thèses trop souvent énoncées.

Moi-même, j’enquête sur la vie de mes deux grands pères, deux simples trouffions réservistes, qui ont fait leur service avant 14 et qui ont ensuite passé près de 5 ans entre la Belgique et Verdun.

Ce qui apparait, c’est la simplification un peu niaise, avec laquelle nos professeurs en particulier, nous ont fait plancher sur cette période de l’Histoire, notant généralement, comme bonne réponse à la question "cause de la guerre", le fait de répondre : l’assassinat de François Ferdinand à Sarajevo. Car, on commence à savoir aujourd’hui, que les choses étaient bien plus complexes à la veille de 14, avec une population ouvrière française ignorante de la situation dans les Balkans, lassée de promesses venant de droite ou de gauche, se sentant trompée même par un Jaurès*, l’homme de la justice,  qui avait permis à sa femme croyante, de faire faire à sa fille, sa Première Communion, alors qu'il militait pour l’école laïque. Compte tenu du fait que c’était la religion qui tenait l’école à la fin du XIXème. on a beaucoup passé sous silence la terrible chasse aux sorcières anticléricale, lancée par les socialistes et les radicaux sous le Gouvernement Combes en particulier, pour imposer une certaine forme de pensée laïque, quitte à mettre en péril un système éducatif si fragile à cette époque dans les campagnes (dans le nord, en 1900, il pouvait y avoir à certains endroits  128 demandes de places pour deux classes en école laïque liées à un pic de naissance mal anticipé, alors que les écoles libres devaient fermer faute de moyens, les Congrégations ayant été interdites d'enseignement - Source Archives de Marquise, commune ouvrière voisine de Boulogne sur mer, ville assez bourgeoise à l'époque)

On retrouve à la veille de la Guerre un climat un peu proche de celui d’aujourd’hui, avec des petits arrangements politiques, qui poussent une jeunesse, un peu sacrifiée, formée au patriotisme et à l’honneur,  lassée des beaux discours, prête au sacrifice au sens catholique du terme, afin de montrer son courage aux élites, et d'en  découdre dans la guerre, pour purifier l’atmosphère….malheureusement, les pauvres bougres se seront que des ressources aux yeux de généraux, considérant la troupe comme des petits pions chargés de mettre en œuvre leurs stratèges au péril de leur vie.

" La misère et le travail payent presque tous les impôts de consommation...le riche est privilégié, c'est sur la misère publique qu'on table pour faire rentrer les impôts, c'est sur le pain, c'est sur la nourriture de la famille qu'on équilibre le budget //
Nous ne cesserons de dire et de répéter , afin de le bien faire rentrer dans la tête des ouvriers, que nos bourgeois ventrus, en se cramponnant de toutes leurs forces dans des fonctions que nous leur avons donné avec notre bulletin de vote, soit au Conseil Municipal, soit à la Chambre des Députés, n'ont eu jusqu'ici qu'un seul but, se servir de leur mandat pour leur intérêt personnel d'abord, et ensuite pour celui de leur classe sur le dos des ouvriers //
A quoi sert la République ? Delcluze nous l'apprend quand il dit : soyons d'abord et avant tout socialiste. C'est l'avant garde de la République de l'avenir et aux républicains qui veulent nous faire voir la lanterne magique avec leur république de champ de foire, nous leur disons qu'ils ne sont que des imbéciles, parce que nous y voyons clair et que nous n'avons pas besoin de leur chandelle pour voir à travers leur lanterne. Ils se fichent un peu si nos enfants ont du pain ou s'ils n'en ont pas. Nous en avons assez d'être bassinés par tous ces politiciens sans principe, défendant leur intérêt et celui de leur classe.//
Que tous nos patrons catholiques, ceux surtout qui nous encouragent, ceux qui assistent à nos réunions, qui nous disent de faire beaucoup d'enfants et surtout de bien voter aux élections, commencent par nous donner 5 francs par jour, alors seulement nos femmes ne seront plus obligées d'aller à l'usine, elles pourront élever et soigner leurs enfants, au lieu de les abandonner sur la voie publique à la sortie de l'école//
Avec les premiers rayons de soleil qui commencent à se montrer, reviennent aussi les mauvaises odeurs qui se dégagent des saletés et immondices amassées dans certaines rues de la ville (Boulogne sur mer) et non des moins fréquentées. ce ne sont pas les rues du centre, mais celles des quartiers ouvriers, car on nous dit que cela coute trop cher pour que le service d'ébouage soit mieux fait"

 Paroles d'ouvriers syndiqués dans la Région de Boulogne sur mer au début du XXème siècle.

Il faut bien comprendre que nous avons trop vécu avec des thèses apprises d'intellectuels bourgeois, trop rapidement notées bonnes ou mauvaises, servant à sélectionner les moins dociles, alors que le monde est bien plus difficile à appréhender que quelques lignes d’un livre scolaire.

Moi même, je n'ai pas la prétention de réviser l'Histoire, j'encourage simplement tout un chacun à devenir plus exigeant quant à ce qu'on lui raconte tous les jours.

Si seulement, on pouvait réfléchir et remettre un peu en question notre éducation, qui ne l’oublions pas, sélectionne encore trop les individus sur leur capacité à mémoriser et restituer des choses apprises par cœur.

* Je n'ai rien contre Jaurès, au contraire, qui s'est battu pour la vérité, mais la brillance de ses discours, ses grandes compétences d'orateur, ont joué parfois contre lui, et de tous côtés politiques, on a cherché à le détruire, en montrant à la classe ouvrière qu'il n'était qu'un traitre, jusqu'au drame final.

 

 

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