Certaines images de Roy Lichtenstein sont comme les tableaux de Hopper ou comme des graphes de Keith Haring, on a l’impression de les avoir toujours vues, utilisées et réutilisées sur des mugs, en cartes postales ou détournées dans la pub…
On comprend les organisateurs…ce genre d’expo, qui sort de la peinture bourgeoise pour vieux prof de fac ou sénateur bedonnant, fait recette…et attire la jeunesse, pas toujours très friante des paysages "Renaissance" et des figures de peinture classique, ornant les cimaises du Louvre ou de Jacquemart André.
Pourtant, au dela de l'event, c’est une bonne occasion de découvrir des choses pas trop connues de cet artiste, comme ses nus (pas toujours supers en termes de tramage ou de proportion), ses manières de revisiter Picasso, Matisse, Mondrian, Cézanne, Brancusi, Léger, traitant ces œuvres devenues cultes, comme des objets de pub. Tout est image, dont seul l'objectif est d'attirer l'attention, dans l’art commercial, et véhicule par ses couleurs et son graphisme simplifié une forme d’agressivité. Lui, dont la moindre lithographie voit les enchères s’envoler et dont les tableaux originaux atteignent des sommets, doit bien rigoler là haut au paradis des peintres.
On voit que le travail est soigné, léché, les traits noirs étant peints au cordeau, comme un enfant qui s'appliquerait pour colorier une surface sans déborder, en tirant la langue. Mais l'homme est exigeant, toujours à l'affût de techniques et de matières, allant jusqu'à employer un assistant à partir de 1963 pour travailler les fameux points ben-day (repro de trames).
Tout est dessiné ; c'est particulièrement vrai dans les coups de pinceaux, qui sont tout, sauf des coups de pinceaux, tout ayant été préparé, projeté sur la toile ou le support, en général des grands formats, chaque surface étant soigneusement peinte une à une. C'est une forme de trompe l'oeil.
On peut aussi admirer son travail de sculpteur, de graveur ou de peintre de paysages au soir de sa vie. Un seul regret, l’exposition présentée à Pompidou est assez courte, on reste un peu sur sa faim, alors que c’est la première grande rétrospective présentée en France depuis 30 ans pour ce roy du pop art.