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L'exercice (difficile) du pouvoir - Entre fiction et réalité

Imaginez une série dont le but serait de montrer, combien, il est difficile pour un homme politique issu de province, de s’insérer au sein des stratégies, des codes et habitus, rencontrés au sein des palais parisiens du pouvoir…

Largement inspiré par la vie d’un maire d’une commune du Pas de Calais, d’à peine 50 000 habitants, il raconterait l’ascension et les difficultés, d’un ministre des transports appartenant à un gouvernement socialiste.

Le film commencerait par nous faire découvrir l’élu dans sa commune. Musique, plan général de Basilique et de port, bruits de mouettes, générique, fondu au noir sur un portrait jovial du bonhomme…

En effet, cet esprit plutôt brillant, se sachant adoré par une large majorité des habitants, entretient  des relations de grande proximité avec ses électeurs, n’hésitant pas à boire et danser avec eux, voire plus si affinités. Ce quarantenaire célibataire de bonne corpulence, docteur en droit est d’abord, un bon vivant, qui se complait à le faire savoir, qui aime la fête, les boites de nuit de sa ville, adorant partager un demi pression avec ses conseillers, …un vrai gars du nord, qui essaie également d’améliorer le cadre et la vie de ses concitoyens….le sens de son parcours et son destin, en somme…

Un jour, sachant qu’il a choisi de soutenir aux primaires du parti, le candidat, que dans sa région, on n’imaginait pas vainqueur, il est appelé Boulevard Saint Germain pour rentrer au Gouvernement. Une immense joie le traverse, il est fier, pour lui, mais aussi pour sa famille et pour sa ville, une ville mal en point, où le chômage rode à plus de 20 %, où les commerces ferment, où le moral est souvent en berne, même si le lycée pro est l’un des meilleurs de France et l’hôpital l’un des mieux équipé du pays.
Il a de grandes idées, mais à peine nommé, quelque chose ne semble pas tourner rond avec ses collègues. Il ne se retrouve pas dans les ballets de cour, il sent qu’on le prend pour un plouc de province – t’as vu son look au gros,eh quinquin, il faut arrêter la bière et les frites, on n’est plus sous la IVème république - no comment…et puis, il n’est pas à l’aise, quand des ministres très politicards, parlent de leurs comptes en banque à l’étranger, de leurs achats de tableaux de forte valeur pour planquer l’oseille, envisageant même de créer une loi pour protéger leurs intérêts…ce n’est pas comme cela qu’il imaginait le socialisme idéalisé de Jaurès…le Président, lui, semble l'apprécier, il le reçoit même pour prendre le café dans sa résidence de vacances et accepte de faire avec lui,  un tour en mer, un soir de 14 juillet … mais notre élu, objet de la série, sent que tout est faux, que certains jours, le Monarque a ses humeurs, et lui tourne le dos sans expliquer pourquoi…

La politique ? C’est compliqué, les dossiers s’accumulent, Bercy veut diriger et imposer sa loi, Bruxelles aussi...il ne faut pas oublier la Cour des Comptes, la Présidence, les sondages, les partenaires sociaux, les bonnets rouges, le Premier Ministre…tout choix semble être une prise de tête impossible…alors, notre ministre repart dès qu’il peut chez lui, en longs WE pour se ressourcer…mais les retours le lundi matin à Paris, lui pèsent de plus en plus…il se sent très seul, il sait que les critiques fusent sur lui à Matignon, au Quai ou même dans la presse nationale, lui qui n’est pas énarque Promotion Voltaire, Sciences Po ou Normale Sup… le soir, il va boire des coups avec son agent de sécurité pour s’évader un peu des tortueux raisonnements de ses camarades parisiens…

Son enfer, c’est le mercredi, les questions à l’assemblée, retransmises à la télé…quand c’est son tour, il agresse, il accuse l’héritage de l’ancienne majorité…puis vint l’impossible écotaxe…

Il repasse le bébé à une commission pour jouer la montre….il sait que la boite qui gère les portiques ne tiendra pas longtemps, ce pourrait être une sortie…mais pas une solution…des projets en dépendent…

Chez lui, dans sa ville, la situation se dégrade…on parle du FN vainqueur aux municipales, on est déçu de la gauche…Il aimerait en finir au plus vite, avec ce boulot pas vraiment fait pour lui, même s’il a beaucoup progressé dans l’art de l’esquive et des retournements de veste…alors, un jour qu’il apprend, que Président change de gouvernement, appelant son ancienne compagne à l’écologie - une tigresse qui à peine arrivée, veut remettre à plat l’écotaxe - et qu’il sait par la presse, qu’il n’est plus ministre, notre héros commande une camionnette, déménage et file à l'anglaise, un peu comme un artisan qui met la clé sous la porte après une faillite, et part à la cloche de bois…croisant un journaliste, il vide son sac sur le parti, « une coquille vide »..

Il retrouve son fauteuil de Maire, les gens simples, les vannes sur les parigos…il respire… pourtant, au fond de lui, quelque chose lui tord les boyaux, il ne dort plus… il lui manque un certain stress, des contacts de haut niveau, les honneurs, du pouvoir, de l’activité à revendre…alors qu’à l’hôtel de ville dans le nord, tout est calme, trop calme…notre homme passe de la vente du métro en Chine au prix du stationnement en centre ville, en quelques jours…dur, dur, il a comme une grosse boule au fond de l’estomac…il espère ne pas commencer une putain de maladie grave…

Notre film pourrait s’arrêter là…mais c’est mal connaître le milieu politique…car dans la vraie vie, Cuvillier  (c’est lui qui inspire l’adaptation) vient d’être rappelé personnellement par Hollande comme secrétaire d’état aux transports, à la mer et à la pêche…personne ne voulait de cet explosif dossier d’écotaxe !...il faut finir le travail sans faire de vagues, a dit le Boss à l'ancien ministre de la mer, et Mister Président avait besoin d’un homme de confiance pour surveiller de près les envahissantes initiatives de son ex….il saura s’en souvenir, lui a-t-il murmuré à l’oreille, pour achever de le convaincre…

à suivre....

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