La naissance de nouveaux projets ou d'une nouvelle ère débute en général par le chaos...c'est ce que les dirigeants polytechniciens d'une grande entreprise d'armement m'ont transmis il y a quelques années. La musique de Debussy et plus particulièrement le « Prélude à l'après midi d'un faune » illustrait bien selon eux, cette idée de construction progressive d'une harmonie à partir d'une certaine forme d'anarchie et de confusion.
C'est pour cela que je ferai davantage confiance aux élites grecques qu'à nos politiques, ces professionnels du story telling et du clientélisme, à gauche comme à droite, majoritairement présents à Bruxelles, qui ont fait toute leur carrière dans le même parti et dans le même pays. Le grand quotidien allemand de Francfort s'interroge sur ces différences de profils entre grecs et autres européens, cette génération de quinquas très présents dans Syriza qui a le mérite de poser les bonnes questions qui fâchent, à laquelle appartiennent Varoufakis ou son remplaçant Euclid Tsakalotos, tous deux brillants universitaires, issus de riches familles (le père de Varoufakis était un industriel et celui d'Euclid un ingénieur spécialisé dans la marine) qui ont fuit le régime des colonels en place à Athènes de 1967 à 1974 et qui ont vécu à Londres, en Australie, à Rotterdam où est né Euclid, avec des études à Oxford (Tsakalotos a reçu la même formation que Osborne, le ministre des finances britannique et Cameron; il parle un anglais littéraire impeccable, et se conduit comme un gentleman stylé de bonne famille, rien à voir avec nos grandes gueules d'extrême gauche).
Cette génération d'intellectuels, qui par son héritage, à acquis des convictions, à la fois liées à leurs origines (la dictature militaire a torturé et massacré les opposants au régime et les familles de ces hommes ont eu à connaître de terribles pressions, qui les ont poussées à l'exil), et à la fois en observant la vie politique anglosaxonne (le régime de Thatcher ou de Reagan),australienne et grecque et ses nombreuses lacunes. Leur parcours n'a pas grand chose à voir avec les self made men allemands ou nos Hauts Fonctionnaires, qui forment le gros des bataillons des décideurs de l'UE.
Bien sûr, je ne suis pas naif, ces professeurs basket chemise ouverte, à la manière des patrons de start up, forment aussi une forme de caste qui teste en vrai grandeur ses théories avant d'aller se revendre dans les plus grandes écoles mondiales (Varoufakis reçoit, depuis qu'il est parti, de jolies propositions fort bien rémunérées pour faire des conférences) et ils n'ont pas toujours le ressenti nécessaire pour faire un bon négociateur, mais cette formation à la mondialisation qu'ils partagent parfois avec leur compagne (la femme de Varoufakis expose et réalise des installations d'art contemporain dans de nombreux pays) leur donne incontestablement une ouverture qui tranche avec nos bourrins machos énarques, coincés dans leur costard, leurs restaus bourgeois du centre de Paris, collectionnant les maitresses pour satisfaire leur égo et pour qui le fait d'avoir le dernier mot sur tout, est la seule priorité dans la vie.
Je crois qu'on s'en sortira par la diversité...après tout, c'est la clé de la démocratie. Il faudrait aussi quelques artisans amoureux de leur métier, et quelques ténors de la nouvelle économie à l'UE, pour faire un peu bouger les lignes, alors que peut être, nos entreprises telles qu'on les connaît sont condamnées à terme, pour faire place à des réseaux d'indépendants rattachés à des plate forme...tu cherches un plombier ? Tu télécharges une appli sur ton smartphone qui te donne le mec le plus proche de chez toi et le mieux noté par ses clients...idem si tu cherches un cuisinier pour te préparer dans ta cuisine un repas exotique pour tes amis...n'oublions pas que la plupart des métiers de demain sont inconnus à ce jour...non, vraiment Hollande, Juppé et autres Bayrou ou Mélenchon, n'incarnent plus rien pour répondre aux attentes du plus grand nombre, qui a envie qu'on lui dégage un peu l'horizon au lieu de la baratiner avec des accords pseudo historiques, des revendications d'une autre époque ou des discours grandiloquents sur l'excellence...
C'est ce que le britannique Paul Mason appelle le Post Capitalisme, passer de la féodalité et de l'esclavage au capitalisme cognitif, où ce qui compte n'est pas produire mais la connaissance partagée, renvoyant nos vieux modèles de gauche et de droite au placard.
Tout est à inventer !