On ne peut pas le nier, le monde chrétien est touché au plus profond… Notre civilisation s’inquiète…Et si, toute cette émotion pour Notre Dame, était le reflet de notre angoisse inconsciente, celle de voir dans la chute de la flèche de la cathédrale parisienne, un signe, celui de notre décadence….
On voit bien la difficulté que nous avons à nous entendre, à faire ensemble, à construire un projet…Tout part dans tous les sens, notre lien à la post vérité nous fait douter de tout…Et paradoxalement, chacun veut exister, faire entendre sa voix, donner son avis, revendiquer une partie des dons vers l’église locale qui tombe en ruine, remettre en cause le moindre savoir, chacun veut faire valoir son expérience, on conteste tout ce que l’Autre dit, surtout s’il est une élite….
Sauf que la nature pourrait être plus forte que nous, que les efforts de Macron pour tenter de mobiliser nos énergies afin de rebâtir Notre Dame seront vains, peut être qu’il est déjà trop tard, peut être que ces milliers de mètres cubes d’eau déversés courageusement par les pompiers vont tout faire pourrir…Comme dans la « Cathédrale engloutie » de Debussy, qui débute de manière enthousiaste, traverse des crises, pour se conclure submergée par les flots, un prélude aux harmonies suggestives, qui révèlent les tourments d’une masse qui sombre tout doucement malgré ses soubresauts, où la force de la nature ronge avec le temps nos constructions fragiles, qui s'enfoncent calmement dans les profondeurs, plus rien ne sera jamais comme avant.
Peut être que dans six mois, on va découvrir que l’orgue ne sera plus jamais stable, qu’on ne pourra plus l’accorder, que l’humidité infiltrée aura produit de tels dégâts sur la structure, qu’on ne pourra plus retrouver la pureté originelle du son…Peut être que dans un an, les pierres vont tomber par morceaux, emportant avec elle, gargouilles et ogives…Peut être que dans trois mois, on découvrira qu’il serait trop dangereux de faire sonner les cloches, sans risquer de tout faire effondrer…
La civilisation chrétienne reposait sur la subsidiarité, sur le fait que chaque maillon d’une hiérarchie fasse confiance au niveau supérieur…Or cette subsidiarité, on n’en veut plus, on n’en veut plus en Europe, on n’en veut plus au niveau de l’Etat…On veut de l’égalité, de la liberté à tous les niveaux….Sauf que ces utopies individuelles d’anarchie, le mythe de suppression de tous classements, pourraient tous nous faire chavirer dans les abysses.
Accords de quinte en do majeur, effets de carillon (Bb- C-F) (Bb- C- G), retour lancinant du thème, coups de pédale sur les ostinatos graves, fin du prélude....
Commentaires
Gatsby le magnifique de Francis (Scott Fitzgerald)
"Il faudrait comprendre que les choses sont sans espoir et être pourtant décidé à les changer."