La Lutte des Classes est un film « de banlieue », qui égratigne les bobos avec humour et qui dit néanmoins de choses assez profondes.
Tourné à Bagnolet, dans un quartier et avec une sociologie que je connais bien (je suis né à Montreuil, qui est voisin, et je suis revenu y habiter à la fin des années 80), le film démarre un peu comme une suite de caricatures du couple de gauche, super interprété par Edouard Baer, excellent en musicos anar-punk et Leila Bekhti, qui incarne sa compagne, une avocate qui a réussi à émerger de sa classe d’origine et qui revient, elle aussi habiter à Bagnolet, non loin de l’endroit où elle est née.
La première heure, qui plait beaucoup au Figaro, est une avalanche de stéréotypes des gens de gauche, qui s’inquiètent pour leur gamin qui se retrouve comme seul « blanc » en école laïque par idéologie, avec tout ce que cela entraine comme qui pro quo : le niveau est-il bon, la place des musulmans un peu trop croyants, la maitresse et la novlangue, les consignes anti terroristes, les questions d’inégalité financière, le multiculturalisme au quotidien, etc.. C’est un peu écrit à l’arrache, mais c’est efficace et on rit, car tout est plausible.
La seconde partie est plus profonde, presque plus tragique, car on aborde les questions identitaires, comme faut-il réussir sa vie ou réussir dans la vie. J’avoue avoir été touché, car ce Edouard Baer hyper sensible, au fond, qui se retrouve blessé, solitaire, largué face à ses ambigüités, pourrait être mon pote ou même un peu mon double…Car ce monde là , celui de la banlieue-est, je l’ai fuit, mais quelque part, je l’aime bien, pour son authenticité, sa vérité, sa simplicité et ses rencontres toujours inattendues…Pas facile de se retrouver en accord avec soi-même, dans un monde qui a bougé si vite.