J’avais vu en 2012 à Pompidou une rétrospective consacrée à Gerhard Richter qui m’avait beaucoup impressionnée, et cette même année, je découvrais Dresde, ce fut aussi un choc inoubliable.
Uns Scharfe nach Gerhard Richter
S mit Kind nach Gerhard Richter
Akt auf einer Treppe Gerhard Richter
« L’œuvre sans auteur » est un grand film, une très grande épopée allemande, qui tente de percer les secrets du peintre de Dresde. Pendant trois heures, le spectateur est replongé dans les périodes les plus sombres de l'Histoire, mais aussi dans une grande réflexion sur l’art, l'inspiration, la créativité, le besoin pour un homme de communiquer sa vision du monde.
Dessin réalisé par Elfriede Lohse Wachtler, euthanasiée en HP par le programme Aktion T4
Démarrant un peu avant guerre, lors de la mise en œuvre du fameux programme Aktion T4 sur l’euthanasie des schizophrènes, quand l’Allemagne nazie voulait une race pure, l'enfant Richter semble avaler la violence qu'on lui donne à voir. Parallèlement, on suit la carrière d'un Professeur de Gynécologie, pendant plus de trente ans
Tout comme dans la conquête de l’espace, qui doit son développement aussi bien en URSS qu’en Amérique, aux chercheurs nazis, de grands spécialistes, chercheurs, médecins, psychiatres (en Allemagne, on avait souvent les meilleurs) continueront ensuite à exercer, en sachant se mettre au service d’autres idéologies, pour survivre, devenant d'excellents communistes en RDA, comme si toutes les dominations idéologiques se valaient, que ce soit le communisme, le capitalisme, le nazisme.
Le film parait nous dire que seul l’artiste est peut être libre, son cheminement étant toujours un peu secret, car il est impossible de partager ses blessures intimes et ce que l'imaginaire a vu de la réalité, la vie d’un individu restant toujours un peu floue comme la peinture de Richter, hyper réaliste mais merveilleusement estompée, sa vérité n’appartenant qu’à lui-même. Richter s’est d'ailleurs toujours fait passer pour un type qui disait des choses un peu banales sur l’origine de ses tableaux, ne validant pas cette biographie non autorisée.
Joseph Beuys par Andy Warhol
Le réalisateur du film nous conte donc une fiction qui pourrait être authentique ou pas, en tous cas, elle s'appuie sur des faits existants. On y croise également Joseph Beuys, un autre artiste allemand, dont la biographie sera toujours un mystère, qui fut également proche d’Andy Warhol.
Une oeuvre sans auteur, une grande fresque allemande, peu racontable, une imposture, comme la vie....