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Papicha au cinéma, les années noires en Algérie

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Papicha est film de résistance, qui nous ramène aux années 90 en Algérie. C’est le premier long métrage, d’une jeune réalisatrice Mounia Meddour, qui a vécue en grande partie ce qu’elle raconte, les « foulards noirs », les patrouilles de femme en hidjab, qui font la police auprès des autres femmes, qui tuent parfois sans sommation, les étudiantes, leurs profs, comme les hommes cagoulés qui peuvent te flinguer à un barrage routier pour une réflexion, un détail ou parce que des passagères ne sont pas habillées de manière assez stricte… c’est la lutte entre la liberté par le savoir et l’obscurantisme religieux. Il confirme que les choses empirent vite, que l’intégrisme est une forme de fascisme comme n’importe quelle dérive politique, avec ses actes gratuits, ses exécutions, ses interdits.

Je me suis souvenu de Bertrand Badie, dans un cours de Science Po, que j’avais suivi sur le net, qui disait que les conflits prenaient presque toujours racine pour des raisons économiques ou parce qu’une partie de la population se sentait exclue, mais qu’elle s’instrumentalisait généralement avec une idéologie marxiste ou du religieux, qui servait à une communauté de se rassembler pour se révolter ou pour installer la terreur…

Papicha ne fait pas de grandes révélations, il est un peu trop fermé sur la petite tribu d’étudiantes et surfe beaucoup sur l’émotion, il sent la jeunesse blessée qui veut exorciser les années perdues et soigner celles qui les ont vécues. Si le film est assez imparfait, avec des longueurs, un scénario sans originalité un peu trop convenu, un montage souvent un peu trop nerveux, il diffuse une telle énergie qu’on pardonne ses fautes.

Quand le malheur est trop grand, il faut, bouger, créer, danser, rire pour vivre, tout simplement et renaitre, comme une papicha, un mot algérois qui qualifie une jeune fille drôle, jolie, libérée.

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