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Joker au cinéma, jusqu'au bout de la folie

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Joker est un film puissant, dérangeant, un film sur l’humiliation, sur les origines, du grand art. Mais âmes sensibles, passez votre chemin. Arthur Fleck comédien raté, qui rêve au départ de faire sourire les gens, va se transformer peu à peu en dangereux psychopathe, surnommé Jocker, comme un personnage de Comics..Solitaire, rejeté par les autres, face à une assistante sociale davantage préoccupée par son avenir incertain que par l’écoute d’un marginal, et voyant son destin se fermer peu à peu, Arthur, magistralement interprété par Joachim Phoenix, va tuer pour exister, seul moyen qu’il finit par trouver, pour transformer son existence tragique en comédie, se sentant enfin important quand il voit la peur dans les yeux de ses victimes, allant jusqu’à exécuter quelques pas de danse dans son costume de clown après ses meurtres…

La force du film est de rendre ce personnage empathique et nous faire partager ses états d’âme ; serions nous tous des Jokers qui contenons nos pulsions de mort, en particulier si nous avons connu l’humiliation, la non communication, le peu de gratitude par les autres, les origines qu’on te claque à la gueule alors que tu n’y es pour rien ?

Le clown rajoute du tragique, mais aussi de la distance, une forme de poésie, presque de légèreté à un drame social qui ressemble à notre époque, avec des médias qui sont prêts au pire pour faire de l’audience et pour qui, le désespoir et l’inadaptation deviennent un cruel sujet de spectacle.

Car ce n’est pas seulement le manque d’argent qui fait souffrir Arthur, mais surtout l’absence de vie sociale et affective…Tout se cumule chez les pauvres, de la faim aux pires frustrations, sans oublier l’indifférence, et la folie qui bouffe la tête chaque jour un peu plus.

Entre les élucubrations d’une mère narcissique et psychotique, et la schizophrénie d’ Arthur, on plonge en effet dans la maladie mentale, le grand mal de notre époque, une maladie contagieuse, qui finit par toucher le plus grand nombre dans un gigantesque délire collectif, qui n’est pas sans rappeler nos grands mouvements de masse contestataires. C’est violent, mais c’est fort, avec une véritable réflexion cinématographique, qui pourrait valoir quelques Oscars, à moins que la polémique engendrée par le malaise lié à cette histoire de serial killer, devienne une impossibilité de récompense…Ce serait dommage, mais par les temps qui courent, on peut comprendre les réserves…

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