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Peut on gagner la guerre contre la Russie ? Une guerre qui est surtout celle du story telling !

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Peut on gagner la guerre contre la Russie, ou selon les narratifs que l’on essaie de nous faire gober, une guerre qui serait celle de la liberté contre l’autocratie nationaliste conservatrice, ou celle de la démocratie contre l’hubris de Poutine, ou encore une guerre de la laïcité contre l’obscurantisme orthodoxe antisémite, ou que c’est la guerre des gentils pacifistes contre les vilains envahisseurs (je passe en revue toutes les conneries que je peux glaner ici ou là pour qualifier cette guerre)….bref, nous aurions raison, et l’ennemi (qu’on n’ose pas appeler ainsi, avec nos pudeurs de gazelle) aurait tort, comme toujours dans les guerres, il suffit de relire en ligne sur le site de la BNF, les éditos des journaux de 14 ou de 39…

On devrait savoir que ce n’est jamais si simple….On devrait savoir qu’à l’époque d’internet, des réseaux, de la cyberguerre, des data sciences, chaque camp apprend encore plus qu’avant de l’autre pour manipuler et affiner ses stratégies (la NUPES et l’extrême droite avec leur illibéralisme sont les meilleurs alliés de Poutine)….On devrait savoir, que plus on avance, plus on perçoit que tout est flou, que tout est manipulations, story telling, du côté des russes comme du côté des occidentaux….On devrait savoir, si nous avions été capables d’analyser l’Histoire, qu’une guerre révèle surtout l’impréparation des armées en présence, qu’on croit toujours qu’elle sera courte, qu’une guerre n’accorde finalement jamais le même poids à tous les hommes, que les plus démunis seront toujours les dindons de la farce, que ce sont ceux là, les victimes, les femmes violées, les hommes torturés, que les dirigeants brandissent pour construire leurs argumentaires, et montrer à leur peuple que l’autre est un méchant sanguinaire sans foi ni loi, qui ne respecte rien….On devrait savoir que ceux que l’on nomme les traitres, ceux qui désertent ou refusent les armes, sont finalement ceux qu’on admire trente ans plus tard ….On devrait savoir que la guerre arrive toujours à un moment clé de l’Histoire humaine, à des moments de transitions géopolitiques, qu’on se bat toujours pour des ressources nécessaires au progrès en cours, et qu’au-delà des discours moraux, ce sont des conflits de pouvoir qui sont sous tendus par des motivations économiques, et qu’on peut toujours appeler cela comme on veut, opération spéciale ou guerre hybride, il s’agit toujours d’exploiter les faiblesses de l’autre pour les transformer en forces…

Quand Macron s’est rendu au Kremlin dans son entrevue de six heures, il était à peu près aussi naïf, incompétent, et contesté dans son pays, qu’Albert Lebrun en 1939, ce centriste issu de la gauche, qui venait d’entamer un second mandat de Président, malgré son manque de popularité…Il ne faut donc pas s’étonner que tous les discours de ces politicards, sont ensuite faits de démonstrations fumeuses pour montrer à leurs citoyens qu’ils n’ont fait aucune erreur (alors qu’une poignée d’observateurs avertis, qu’on a refusé d’écouter les jugeant trop pessimistes, savait dès 1933 ou dès l’assassinat d’Anna Politkovskaia en 2006, quelles étaient les intentions d’Hitler ou de Poutine)…

On devrait savoir que les mots « courage, justice, vérité, universalité, unité, etc…» sont des mots valise, des mots creux, des mots qui servent surtout à instrumentaliser des discours….On devrait savoir qu’un leader politique cherche toujours à te démontrer que le pays résiste mieux que les autres, y compris ses alliés, grâce à son action (relis tout ce que qu’on nous a baratiné pendant la crise COVID)

Mais on devrait aussi savoir qu’une guerre n’est jamais gagnée ou perdue, et n’est pas que négative, car elle offre de nouvelles opportunités de tous bords….La guerre permet de reconstruire des villes avec de nouvelles normes, d’hygiène en 1945 dans une France aux habitats insalubres, de plus écologique dans un avenir plus ou moins proche, dans une France reconstruite avec du béton à gogo, qu’elle permet de repartir sur de bonnes bases (réunification du camp allemand avec celui des alliés, demain probablement du camp slave avec le clan judéo chrétien, bref une grande Eurasie comme l’imagine Dougin) et de donner un peu d’air à un climat de crise, souvent étouffant de tous côtés avant le conflit….et puis, ce sont dans ces moments tragiques que l’on entreprend le plus de réformes….Ainsi va la nature humaine !

 

Image : Andreï Kouraev condamné en Russie pour évoquer le triomphe de la Propagande (source Novaya Gazetta Europe)

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