François Hollande a dit dans son discours « j’aime les gens »…je le pense sincère, comme Chirac, il aime toucher des inconnus, embrasser des dizaines de grand mères dans des maisons de retraite, boire un verre avec tous les publics…moi, cela m’interroge cette attitude qu’il partageait avec Ségolène, scandant Fraternité au Zénith et aimez vous les uns les autres à Charlety…il y a des gens comme ça…moi, ce n’est pas mon truc, les galettes dans des salles blafardes, les mariages où l’on fait la chenille jusqu’au petit matin, les pots où il faut s’intégrer à des grappes de gens nouveaux, les soirées dans des maisons de la culture autour d’une assiette en carton remplie de cacahuètes, ça génère en moi comme un grand désespoir, une envie immédiate de partir en courant…depuis toujours,  les boums chères à ma génération, les rencontres au patro de mon enfance, les sorties de messe ou d'école :  l’angoisse… le mot même de partage me fout les boules, me renvoie aux sermons ennuyeux de ma jeunesse, quand le curé martelait les mots amour en tapant sur le bord de sa chaire…et pourtant, j’ai paradoxalement exercé un métier de formateur, recevant des milliers de stagiaires dans ma carrière, dans toutes sortes d’hôtels ou de salles de réunion, mais je confesse n’avoir jamais été grisé par le groupe, n’avoir jamais dit que je faisais un beau métier… mon obsession, c’était la clarté, c’était de faire passer un contenu, d’avoir une bonne évaluation…mais je n’ai jamais eu envie de fendre l’armure…l’idée même d’être utile aux autres me fait sourire…

Et pourtant, j’ai épousé une époque, celle de Houellebecq et des baladeurs MP3…beaucoup de jeunes générations s’enferment dans leur monde, derrière leur écran, n’aiment pas le contact, préfèrent le mail à la réunion... la réunion, qu’il devenait de plus en difficile de faire quand j’ai terminé ma vie professionnelle…de plus en plus d’individus refusent de faire des choses ensemble et les banquets qui se prolongent toute l'après midi jusqu’à l'apéro dans les campagnes, paraissent appartenir à une époque très très lointaine…

Alors, Docteur, vous en pensez quoi ? Hollande est-il encore un homme normal, au sens social du terme, un homme du temps présent, va-t-il gagner parce qu’il va combler un vide, un fossé entre les êtres ? ou alors, est-il un homme à part, un spécimen rare en voie de disparition, que le peuple va vouloir garder par nostalgie ou par peur de lui même…