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  • La leçon du vieux

    Le 11 janvier 1996 était journée de deuil national. On enterrait François Mitterrand à Jarnac. La veille, place de la Bastille, je rejoignais avec ma femme une foule silencieuse qui se recueillait dignement, des roses à la main. Seule Barbara Hendricks, des marches de l’Opéra symbole, entamait un chant d’adieu, l’ancien Président n’ayant pas souhaité que des dirigeants socialistes s’expriment. J’ai également souvenir d’avoir écouté la 9ème de Beethoven, avec émotion, les larmes plein les yeux.
    Le temps a vraiment passé…aujourd’hui, je ne me reconnais plus du tout dans la gauche pour qui je ressens même jusqu’à de la haine et je relis les journaux de janvier 1996, conservés précieusement au fond d’un grenier.
    Dans Libération, Serge July rappelait que l’ambition de Mitterrand semblait toujours avoir été dictée par cette phrase de De Gaulle « On ne fait rien sans grands hommes et ceux-ci le sont pour l’avoir voulu ». Plus loin, July rendait hommage à celui qui fut un accompagnateur exceptionnel des grandes mutations, et citait Lamartine évoquant Talleyrand, l’un des auteurs préférés de François :
    Il fut le grand flaireur infaillible de toutes choses humaines, le diplomate de la paix, le pondérateur de l’équilibre, le conservateur économe de tous les peuples ».
    A la fin de son article, le patron de Libé écrit : François Mitterrand aura veillé de son vivant à commenter soigneusement ses décisions, sa pensée, son parcours, ne laissant à nul autre le dernier mot, revenant au besoin sur ce qui pouvait être mal interprété.
    Dans le Monde, dans un cahier spécial réalisé par Colombani, je retiens cette citation de l’Ancien Président socialiste « Je me souviens d’avoir dit que les institutions actuelles, contre lesquelles j’ai voté, étaient dangereuses avant moi et qu’elles pourraient le redevenir après moi » et cette autre, sur l’argent « Le véritable ennemi, j’allais dire le seul, parce que tout passe par lui, c’est le monopole » . Sur l’entreprise, il disait « L’entreprise est une priorité qui commande toutes les autres. Il faut produire, produire plus, produire mieux, modérer les charges sociales et financières, investir, savoir vendre et être compétitif ».

    En voyant Hollande, l’homme normal, j’ai peine à croire que ce dernier est le successeur de Tonton.
    Enfin, en songeant à la manif. de dimanche, citons encore Mitterrand, qui parait il, répétait souvent « En politique, c’est l’événement qui commande »
    On verra ben…