Dur, dur de passer de Cannes et Paris à Boulogne dans le nord, tant j’ai l’impression de changer de France, comme si j’avais traversé une frontière virtuelle…j’ai même pour la première fois, été pris par une forme d’angoisse…
Cela commence à la lecture rapide des dernières Voix du Nord, glissées gentiment dans ma boite par mon voisin…on est loin des compte rendus du MIPTV ou même des reportages sur le tourisme local de Nice Matin…on sent le poids écrasant du social dans les articles du journal local largement dominant, de la peur de voir baisser les aides aux associations à domicile à l’échec financier du stade Pierre Mauroy à Lille, en passant par les manifestations des salariés de Continentale Nutrition, face aux doutes d’une reprise sans douleurs par un nouvel investisseur…
En promenant mon chien, scénario devenu habituel, une porte s’ouvre laissant entrevoir un senior peu aimable, prêt à en découdre si la bête a le malheur d’uriner sur SON trottoir…je ne parle pas de la crotte, qui là déclencherait une émeute dans tout le quartier, car on ne supporte pas plus les déchets naturels que les étrangers un peu bronzés…une certaine forme de « propreté » populaire, où l’on n’hésite pourtant pas à laisser traîner des poubelles en sac plastique, égorgées par les mouettes, déversant os de poulet et vieux papiers sur la voie publique….je passe sur les manifestations de fête de Pâques, encore présentes dans les esprits, qui se résument à des minables brocantes et vide greniers…les marchés du pauvre…avec une petite mousse à quatre heures …je passe sur les conversations populaires, glanées ici ou là, qui portent sur ces salauds de socialistes qui sont tous comme Cahuzac et qui se font cirer les pompes gratos dans les salons dorés de l’Elysée… « il va falloir que ça change, on n’a pas voté pour eux pour ça…je te l’avais dit, c’est pour ça que je vote FN »…
On comprend qu’on n’est pas là de s’en sortir, on comprend qu’ Hollande fasse un pas en avant avec les réformes et deux pas en arrière sur les mesures en direction des plus démunis…ce à quoi les français tiennent par-dessus tout, une forme de mentalité où les droits l’emportent de loin sur les devoirs …