L’Opéra de Paris est une Institution et s’attaquer à un tel monument n’est pas mince affaire, mais le réalisateur J.S. Bron réussit son entreprise. Il se dégage assez vite deux choses, qui reflètent à mon avis très bien la réalité : L’Opéra de Paris est un lieu d’excellence, on sent le stress, la pression, la sueur, les réglages au millième de seconde, et puis la fierté qu’il y a à travailler dans un tel lieu, quel que soit le poste, c’est presque religieux, on est quasiment dans le sacré….D’autre part, paradoxalement, on sent la lourdeur de la fonction publique, avec ses obligations syndicales, les acteurs qui refusent de se plier à certains caprices du metteur en scène, les grèves, ses valeurs « de gauche » où le Directeur aimerait baisser les prix (Plus de 200 € le billet en moyenne) et démocratiser un art qui par obligation financière reste trop élitiste...On sent également une forme de carcan, une culture d'entreprise tellement forte, qui fait que Benjamin Millepied qui veut révolutionner les créations et les manières de faire, finit par démissionner de son poste de Directeur de la Danse.
Le film montre aussi le côté international (on y parle de nombreuses, langues, on y apprend le français), l’exigence de monter des spectacles de plus en plus exceptionnels avec des moyens limités, en prenant des risques, pour lutter contre la concurrence des grandes capitales mondiales (les scènes du début avec le taureau de 1,5 tonne sur scène, avec une grande chorégraphie pataugeant dans l'eau puis enfermée dans une cage en voilage transparent, pour Moïse et Aaron, donnent une idée de la complexité), mais aussi le côté très parisien ; tourné en 2015, on vit de l’intérieur le drame des attentats tous proches et des fenêtres, on voit les manifestations sur la place de la Bastille.
Le film s’intéresse aux coulisses, nous fait pénétrer à la fois là où répète, mais là aussi où on gère et là, où on fait marcher le spectacle, avec tous les techniciens, les musiciens, et les assistants de toutes professions, sans oublier la femme de ménage qui a également son importance dans la chaine.
On peut regretter que le film s’intéresse surtout à Bastille et à Garnier (il y a 15 salles en tout), mais c’était aussi probablement trop limité sur le plan du temps.